par Dominique Bernier
La Commission de la Santé et des Services sociaux s’est penchée récemment sur la question de la fluoration de l’eau potable suite au dépôt d’une pétition de près de 4000 noms à l’Assemblée nationale, en mars dernier. Une trentaine de mémoires y ont été déposés, dont la plupart se montrent très critiques à l’égard de cette prétendue mesure de santé publique. La Commission a choisi le statu quo, s’en remettant principalement à l’avis de l’Institut national de Santé publique. Par contre, les commissaires n’ont pas accédé totalement à la demande de cet organisme, qui souhaite que la fluoration de l’eau soit obligatoire pour les municipalités de plus de 5000 habitants.
La Commission affirme aussi dans son rapport la nécessité de surveiller l’évolution des données scientifiques et de faire une mise à jour régulière des données probantes pour la population et les intéressés, recommandations louables, en autant que l’information fournie à la population soit objective, présente les avantages et les risques et ne soit pas utilisée à des fins de promotion de la fluoration.
Bien que plusieurs organisations de santé en Amérique du Nord soient favorables à la fluoration de l’eau, un nombre grandissant de chercheurs de renom, dont plusieurs prix Nobel, se montrent critiques face à cette mesure ou s’y opposent carrément. D’un point de vue scientifique, l’avis d’une organisation de santé publique n’est pas équivalent à une étude ou à des essais cliniques révisés par des pairs.
Les organisations de santé publique et les associations de professionnels de la santé ne sont pas infaillibles : elles ont, par le passé, conseillé ou approuvé des mesures ou des produits qui se sont révélées néfastes pour la santé en fin de compte, comme la thalidomide (un médicament tératogène causant des déformations chez les foetus), ou même la cigarette.
Les principales revues de littérature sur le sujet dénotent le manque de données probantes et la piètre qualité des études qui soutiennent la fluoration de l’eau potable. C’est le cas notamment de l’étude de York, publiée en 2000, sur laquelle se basent les principales organisations de santé publique pour justifier le maintien de la fluoration de l’eau.
Les auteurs de cette revue ont d’ailleurs publié, en 2003, un commentaire pour rectifier la mauvaise interprétation des conclusions de leur rapport par les agences de santé publique.
Agir en amont, en favorisant l’accès à une alimentation de qualité et aux soins de santé dentaire préventifs pour tous, serait plus sensé que cette mesure dont les bénéfices sont incertains, mais les risques, bien réels. La carie dentaire n’est, somme toute, que la pointe de l’iceberg, indiquant un déséquilibre plus global.
Plusieurs questions demeurent sans réponses à la suite de cette commission parlementaire. L’aspect légal de la fluoration de l’eau, qui n’est pas un élément essentiel, mais bien un médicament imposé à la population sans consentement et sans suivi médical, n’a toujours pas été élucidé.