Par la Coalition Sortons les radio-poubelles de Québec
Juillet 2004. Le CRTC annonce que la licence de radiodiffusion de CHOI Radio X ne sera pas renouvelée, conséquence ultime d’un historique long comme le bras de propos offensants tenus sur les ondes. La station, dirigée par Patrice Demers, devra cesser ses activités.
Cette décision du CRTC sera suivie d’une mobilisation peu commune, qui façonnera en grande partie le fameux mystère de Québec : des dizaines de milliers de personnes exprimeront leur appui à CHOI Radio X en manifestant dans les rues ou en se drapant du slogan « Liberté, je crie ton nom partout ».
Mai 2013. Ceux-là même qui près de dix ans plus tôt se disaient victimes de censure et défendaient bec et ongles la liberté d’expression y vont cette fois d’une poursuite-bâillon à l’encontre de deux citoyens du Québec qui auraient osé inviter la population à ne plus fréquenter les commerces et entreprises commanditaires des radio-poubelles. Radio-Nord Communications, propriétaire actuel de CHOI Radio X, leur réclame 250 000 $ en dommages puisque, des suites de leur campagne de boycott, plusieurs annonceurs auraient diminué ou annulé leur contrat publicitaire. Une stratégie similaire a été utilisée pour censurer la Coalition Sortons les poubelles : après avoir reçu une mise en demeure, l’hébergeur a fermé le site web.
La liberté tant défendue par la radio-poubelle serait-elle à sens unique ? On devrait impunément la laisser dénigrer les femmes, vomir sur les pauvres, cracher sur les immigrant-e-s, les autochtones et les homosexuel-le-s, mais quand des personnes s’organisent pour dénoncer les propos haineux tenus sur ses ondes, alors elle cherche à les bâillonner, à restreindre leur liberté d’expression.
Faut-il être surpris de cette apparente contradiction ? Bien sûr que non. CHOI Radio X n’a jamais défendu la liberté d’expression. Le combat qu’elle menait en 2004, et qu’elle mène encore aujourd’hui, c’est celui de la réaction contre les progrès sociaux, contre l’égalité entre les hommes et les femmes, contre les avancées que les travailleurs et travailleuses arrachent au Capital, contre les droits acquis par les classes populaires.
Dans un texte publié en février dernier, la Coalition Sortons les poubelles annonçait un concours visant à décerner un Prix poubelle à un animateur s’étant particulièrement démarqué par ses propos haineux. 50 % des répondant-e-s ont opté pour une citation éloquente de Carl Monette, à l’époque animateur au Saguenay, maintenant sur les ondes de Radio X Montréal : « Tous les itinérants, du monde dans rue, tu les prends, tu pognes une pelle, ramène ça en arrière, monte-moi ça dans le Nord, installe-moi ça là. Tu as la paix. Tu en as pu. T’entends pu rien parler. Merci bonsoir. (…) On fait du ménage là ! Je m’en fous où ce qu’on met les déchets nous autres après. (…) Tu les castres avant ».