Par Marc Boutin
C’est ainsi, à la fin de la réunion du Conseil de quartier de Saint-Sauveur le 29 janvier dernier, que Monsieur Marc-André Beauchemin, un des élus du Conseil, a résumé le débat qui venait de se tenir sur la démolition présumée du Centre Durocher.
Questionnée, par le public et par la présidente du Conseil, sur le fait que la population de Saint-Sauveur ait été tenue à l’écart de la démarche qui a mené à la prise de décision sur le Centre Durocher, Chantal Gilbert a déclaré qu’elle « arrivait dans le quartier et qu’elle n’était pas la conseillère de Saint-Sauveur quand les pourparlers autour de l’avenir du Centre ont eu lieu ». À un public pas du tout content, elle a déclaré : « il faut que vous fassiez votre deuil du Centre Durocher ». « Vous vous êtes sans doute laissés influencer par le Droit de Parole de décembre, mais ce journal avait tout faux » a-t-elle ajouté, sans donner plus de précisions sur les dites faussetés. « La Ville (lire ici M. Labeaume) n’a pas imposé le silence à la Corporation du Centre Durocher. D’ailleurs, M. Morin, le directeur du Centre Durocher et M. Labeaume ne se sont pas parlés depuis deux ans. La corporation du Centre est une entreprise privée à but non lucratif et la Ville n’a pas à lui dicter son comportement ».
Rejoint au téléphone par Droit de Parole, M. Morin a déclare avoir tout tenté pour garder le centre ouvert mais toutes ses demandes de financement se sont heurtées à des refus. Selon Madame Maltais, des fonds existent pourtant au niveau national pour la remise aux normes des centres communautaires. Mais la demande pour de tels fonds doit venir des municipalités, ce que la Ville de Québec, semble-t-il, a négligé ou refusé de faire dans le cas du Centre Durocher.
Personne aujourd’hui ne veut assumer la responsabilité du manque de transparence (autant parler « du secret ») et de l’absence totale de préoccupation démocratique qui ont marqué les tractations ayant mené à une telle décision. Le verdict a été rendu public le 13 juin 2013 et encore là, on parlait de déménagement des activités et non de démolition. Quelle date bien choisie pour ne pas trop alerter la population, alors que tout le monde en juin pense « vacances ». Et de toutes façons, à partir de cette date, la population pouvait bien penser ce qu’elle voulait, la décision en haut lieu était prise. Cela s’appelle pratiquer une démocratie passive: « restez tranquille, prenez vos pilules, on décide pour votre bien ».
Madame Lise Beaupré du Comité de Sauvegarde du Centre Durocher a réclamé haut et fort au Conseil de quartier, un moratoire quant à l’avenir de l’édifice et la tenue d’une véritable consultation publique. Il faut que la Ville entende ceux et celles qui ont des choses à dire sur le Centre Durocher, sur l’avenir de l’espace que le centre occupe actuellement et, puisque tout est lié dans ce dossier, sur la relance de la rue Saint-Vallier-ouest. Selon Line Plamondon, du Comité de sauvegarde, il y a une absence de vision cohérente et partagée par l’ensemble de la population quant au développement du coeur du quartier Saint-Sauveur. Une lutte est engagée pour la préservation du Centre Durocher et pour s’assurer que les activités que le centre va abriter soient des activités communautaires ou culturelles. Mais il faut rester conscient qu’il s’agit d’une lutte du type David contre Goliath : 700 personnes ont déjà signé la pétition pour un moratoire. C’est beaucoup quant on pense au peu de moyens dont disposent Line Plamondon et Lise Beaupré qui sont sans appui institutionnel. Elles ont besoin de vous pour continuer la lutte.
Droit de parole rêve encore. Pourquoi ne pas déplacer le projet de logement social prévu à l’emplacement du Centre Durocher vers le stationnement au nord du Parc Durocher, un terrain qui appartient déjà à la Ville ? Le fait de jumeler du logement social à des commerces (services de proximité au rez-de-chaussée) pourrait faire partie d’un projet expérimental dont le but serait de relancer la rue Saint-Vallier Ouest qui en a bien besoin. Quant au Centre Durocher, réhabilité et sauvé d’une injuste démolition, on pourrait lui trouver une vocation culturelle pour faire contraste avec les trois autres centres communautaires du quartier Saint-Sauveur, qui sont plutôt axés sur les loisirs et le sport. ILLUSTRATION MARC BOUTIN
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