Par Marc Boutin
Dans une conférence de presse que le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a tenu au TamTam café le 24 septembre dernier, la porte-parole Véronique Laflamme a tenu à préciser que la notion de droit au logement comprenait beaucoup plus que le fait de réclamer « un toit » à un prix raisonnable. Font aussi partie du droit au logement, l’accès à des services de proximité, à des espaces verts et à des lieux de loisirs mais aussi le fait de vivre dans un quartier démocratiquement vivant, où le citoyen a un mot à dire sur l’avenir et le développement de son milieu et où il est possible de s’enrichir culturellement avec des lieux prévus à cet effet.
En d’autres mots, pour ceux et celles qui font de la lutte à la pauvreté une priorité, la richesse collective est tout aussi importante que la richesse privée et la perte d’un équipement public et communautaire dans un quartier populaire contribue à l’appauvrissement de tous. Le logement social répond à un besoin dans Saint-Sauveur. Tout le monde en convient, y compris les opposants à la démolition du Centre Durocher. Mais si on veut combattre la pauvreté, il faut commencer par protéger, conserver et enrichir le patrimoine public des quartiers populaires. Or, dans Saint-Sauveur, le Centre Durocher fait partie de ce patrimoine.
Le parc sur lequel il est situé est plus qu’un parc. C’est une place publique, la place publique centrale du quartier, le lieu idéal pour un équipement collectif et non pour un équipement de location privé que ce dernier soit de type condo ou de type logement social. Il y aurait là, inévitablement, une forme de privatisation d’un espace public.
La Ville veut faire croire qu’il y a une surabondance d’équipements communautaires dans Saint-Sauveur. Il est vrai que Saint- Sauveur est bien équipé en centres de loisirs mais, en revanche, le quartier est sous équipé culturellement. Le Centre Durocher est tout désigné pour remplir la carence en équipement culturel et ce, à un coût moindre que celui de sa propre démolition. La Ville s’acharne, malgré la volonté collective, à vouloir démolir pour construire un projet socialement utile à la mauvaise place, un projet de logement social qui pourrait utilement voir le jour ailleurs.