Par Lynda Forgues
L’enquête est toujours en cours au sujet des actes haineux perpétrés contre la Mosquée de la Capitale, rue Marie-de-l’Incarnation, le mois dernier. Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur avait émis dès le lendemain un communiqué déplorant et dénonçant ces actes qui visaient ouvertement la communauté musulmane de Québec. Le CCCQSS tenait à y exprimer sa solidarité envers les personnes touchées.
Rejoint la semaine dernière, Mohamed Hafid, imam administratif de la mosquée, nous a dit qu’il ne s’agissait pas là des premières manifestations d’ignorance et d’incompréhension. À l’automne dernier, profitant des journées portes ouvertes de la mosquée, des individus ont placardé des affiches haineuses. Depuis la plainte enregistrée au mois de mars, par contre, de tels gestes ne se sont plus reproduits.
Au sujet de l’initiative «Rencontrez une famille musulmane» lancée par la communauté Ahmadiyya, présentée par Mylène Moisan dans Le Soleil la semaine dernière, l’imam Hafid répond : « toute initiative d’échange interculturel est encouragée. L’ignorance engendre la haine. Tout ce qui peut nous ouvrir à l’autre, peut briser l’ignorance, est bienvenu. » Il souligne que la plupart des personnes qui s’opposent à leur présence ne connaissent pas de musulmans, ni rien à leur sujet, sauf ce qui est véhiculé dans les médias.
Parlant des médias à Québec, on ne peut passer à côté de nos radios populistes qui ne ratent pas une occasion de tenir des propos haineux et islamophobes, de faire de la désinformation, de semer la confusion, bref d’encourager ces préjugés pouvant mener à l’oppression et à la violence. Le maire Labeaume a beau dire qu’il s’agit de vandalisme, d’un acte isolé, comme lorsque la mosquée de Saguenay fut aspergée de rouge l’automne dernier, il reste que des gestes et des attaques de ce genre ne cessent pas, et ils ne doivent être ni banalisés, ni minimisés. Heureusement, nous avons assisté à la détermination de plusieurs groupes de la société québécoise à contrer la ligue raciste Pegida à Montréal au mois de mars. Il faut continuer de tenir bon et de s’opposer au discours de l’exclusion.
Mohamed Hafid croit au dialogue : « Même ceux qui sont venus briser les vitres, qu’ils viennent donner leur opinion, on va discuter avec eux. La violence n’amène rien de bon. » On encourage tout le monde à les rencontrer. Le printemps est là et il serait temps de répondre à cette invitation, de créer des occasions permettant d’ouvrir des dialogues afin de se comprendre et de faire tomber les préjugés. Pour les coordonnées, voir le site : www.mosqueedelacapitale.com