Ordinairement, le jour anniversaire du Bal du Lézard, qui a ouvert ses portes dans le Vieux-Limoilou le 5 décembre 1985, coïncide avec le début du temps des Fêtes pour le bar et son propriétaire Alain Slythe. Pour la circonstance, une kyrielle d’activités sont programmées.
Il en est évidemment tout autre en ce décembre 2020. « J’ai eu un bon down au mois de mars, et aujourd’hui encore, j’ai de la misère à croire ce qu’on vit là », reconnaît sans ambages Alain Slythe. « L’année a été très difficile », ajoute-t-il en guise de bilan.
Dans le secteur économique particulièrement éprouvé qui est le sien, M. Slythe estime pourtant faire partie des privilégiés, ne serait-ce que parce qu’à 35 ans d’âge, Le Bal du Lézard repose sur des assises solides.
N’empêche. En raison des mesures sanitaires que commande la COVID-19, la réouverture permise à l’été fut moins un soulagement qu’un facteur de stress. « Dans un bar, faire respecter la distance de deux mètres consiste un peu à gérer l’ingérable, et j’avais toujours peur que quelque chose arrive chez nous, souligne Alain Slythe. Alors si le gouvernement annonçait une réouverture dans deux semaines, je capoterais. »
Dans cette angoisse du tenancier appréhendant les débordements, la crainte que des clients contaminent les employés était aussi bien présente.
Engagé depuis des lustres dans le développement commercial et la revitalisation de la 3e Avenue, Alain Slythe s’inquiète de l’allure qu’aura l’artère lorsque la fin ou la maîtrise de la pandémie sonnera l’heure de la reprise des affaires. Après avoir connu diverses phases de relance, la 3e était sur une belle erre d’aller ces dernières années, comme en témoigne l’implantation récente de petits commerces spécialisés. Jusqu’à quel point la covidienne vingt-vingt aura-t-elle pour effet de réfréner cet essor?
Si, dans la tempête actuelle et très certainement à venir, le patron du Bal du Lézard parvient à rester relativement zen, c’est qu’il se définit lui-même comme étant en fin de parcours professionnel. Le jeune soixantenaire avait déjà commencé à planifier sa retraite, qu’il espère prendre dans quelques années.
Exception faite de la Subvention canadienne d’urgence pour le loyer (SCUL, aussi appelée « Aide au loyer commercial »), d’ailleurs décriée par la quasi-totalité des gens d’affaires pour cause d’inefficacité, les programmes fédéraux mis en place à l’intention des employeurs se seront avérés réellement bénéfiques pour quelqu’un comme Alain Slythe, et l’un dans l’autre, dit-il, « je me considère comme chanceux ».
Est-ce sous le coup de l’esprit des Fêtes, qui finit toujours par rattraper un peu tout un chacun? M. Slythe ne peut s’empêcher de remarquer que si la 3e Avenue n’a jamais été aussi désertée, elle n’a jamais été aussi illuminée, et « on peut féliciter la Ville de Québec pour ça ». De là à croire au père Noël… « La réouverture des bars et des restaurants le 11 janvier 2021? Oubliez ça! À mon avis, ce sera plutôt en mars ou avril. » Avec l’arrivée du printemps… et des vaccins.