Québec s’expose en bonne compagnie à Sorel-Tracy

Par Hélène Matte
Publié le 19 juin 2023
Au café Krieghoff. Photo: Serge-Philippe Tremblay

Du 24 juin au 1er octobre 2023, c’est plus d’une trentaine d’artistes de la région de Québec, rassemblés autour des commissaires André Bécot et Peter Gnass qui profiteront d’une superbe salle d’exposition établie aux abords de la rivière Richelieu. Le bâtiment, restauré de l’ancien chantier maritime de la Sincennes-Mc Naughton Line, s’avère un exemple remarquable de revalorisation du patrimoine post-industriel, et sa terrasse est plantée dans un paysage champêtre.

Le Centre des arts contemporains du Québec, dirigé par Dominique Rolland, célèbre cette année ses quarante ans d’activités. En invitant cet imposant contingent d’artistes à Sorel-Tracy, il marque son caractère inter-régional et sa volonté de créer des ponts entre les disciplines et les générations. Hormis l’artiste muraliste Philippe Soldevilla, qui fait descendre la moyenne d’âge, les participants sont d’admirables vieux routiers.

Parmi eux, on compte des doyens de l’art public au Québec tel que Don Darby et Aristide Gagnon, respectivement octo et nonagénaire. On avait eu la chance de voir leurs rétrospectives à la Maison Hamel-Bruneau, il y aura bientôt dix ans. On trouve aussi de grands noms chez les peintres et d’autres à découvrir au plus sacrant si ce n’est déjà fait : Paul Béliveau et Jocelyn Gasse côtoient les œuvres de Marie Rioux et Pierrette Comeau. Les grands René Taillefer et Jean-Pierre Morin sont aussi du lot. De même que Colette Matte, présentement à l’affiche au Centre national des arts de Jonquière, qui a conçu une œuvre optique pour l’occasion. Réjeanne Lamothe présente quant à elle quelques-uns de ses documentaires sur l’art.

Soulignons par ailleurs la présence de Marie Émond, notre Frida Kahlo locale, dont la souffrance apportée par la maladie n’empêche la réalisation de toiles colorées et lumineuses, aussi apaisantes que joyeuses. Joyeux, voilà sans doute un mot à retenir. Car, plus que se réunir autour d’une thématique ou se grouper par discipline, c’est la camaraderie qui anime le collectif. Il comprend des habitués des légendaires rencontres du Café Krieghoff, où une salle leur est réservée chaque jeudi matin depuis des lustres.

C’est d’ailleurs là que l’idée de cette exposition s’est fomentée, sous l’impulsion de Peter Gnass. Lorsqu’on demande à André Bécot quel est le caractère particulier de ces réunions, il répond d’emblée : le rire. Le professeur d’art plastique retraité du CÉGEP de Sainte-Foy, est connu pour animer des espaces artistiques indépendants. Déjà en 1977, il tenait une galerie d’art chez lui, sur la rue Saint-Jean. Dans une entrevue à Jean Royer, il expliquait vouloir « créer un milieu où l’on pourrait parler des arts et vivre avec » (Le SOLEIL, 21 mai 1977). Encore aujourd’hui, situé en basse-ville, rue Sainte-Hélène, la galerie André Bécot est un lieu d’exposition inclusif qui se démarque de tous les autres car, plutôt qu’être commercial, il est avant tout convivial.

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