Le 6 décembre dernier, la Ligue des droits et libertés déposait une pétition au Conseil municipal. Leur objectif : l’abolition de règlements municipaux touchant les personnes les plus marginalisées de la société.
Une vingtaine de groupes communautaires et 1000 citoyens ont signé la pétition demandant «le retrait de 5 règlements municipaux qui punissent les stratégies de survies et l’occupation de l’espace public par les personnes marginalisées».
Plusieurs de ces articles font partie du fameux Règlement pour la Paix et le bon ordre adopté au printemps dernier. S’il a d’abord été adopté pour restreindre le droit de manifester et pour empêcher de nouveaux campements comme celui des Indignés, il touche aussi, et surtout, les personnes marginales, itinérants et utilisateurs de drogue.
Selon Sébastien Harvey, coordonnateur de la Ligue des droit et Libertés :
«La Ligue a initié cette pétition parce que nous considérons que plusieurs articles issus du Règlement pour la Paix et le bon ordre attaquent directement les droits humains des personnes marginalisées. Les articles en question n’établissent pas des nuisances mais bien seulement des agissements qui se révèlent souvent banals. Des comportements qui, dans un contexte de suivie, sont souvent inévitables.»
Manque de places dans les refuges La Ligue estime que ces règlements, et surtout celui qui stipule qu’il est désormais interdit d’être dans un parc de 23h à 5h le matin, vont à l’encontre de l’article premier de la Charte québécoise qui devrait garantir que « tout être humain ait droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne ». Comme le révèlent les statistiques du Regroupement d’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ), les centres d’hébergement doivent refuser régulièrement des gens, n’ayant pas assez de lits pour répondre à toutes les demandes.
Selon la Ligue : « Étant donné que la Ville ne peut garantir un nombre de lits suffisants en refuge, l’interdiction de se trouver dans un parc la nuit apparaît d’autant plus injuste.»
La Ligue dénonce aussi l’interdiction de flâner, qui peut être utilisée contre certaines personnes, de surcroît dans le contexte de revitalisation du centre-ville.
Un centre-ville où les marginaux ont de moins de moins leur place dans l’espace public. La Ligue espère rencontrer l’administration municipale pour la sensibiliser à la situation des personnes marginalisées et aux effets pervers de ces règlements sur leur quotidien.