C’était le 27 novembre dernier. La salle du Club social Victoria était bondée. La population répondait en masse à l’appel de la Ville : « Venez nous dire ce que vous pensez de notre Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour l’entrée de Saint-Roch ! »
Petite mise en contexte. En juin 2012, la Ville de Québec a tenu une séance d’information visant à présenter le PPU aux résidants. Tous commentaires sur son contenu nous étaient cependant interdits. Les seules questions recevables étaient celles d’éclaircissement, ce qui n’a pourtant pas empêché monsieur François Picard, vice-président exécutif de la Ville de Québec, de qualifier le PPU de « bien reçu » par les citoyens. Le même commentaire a été émis par monsieur Labeaume le 3 décembre dernier.
Comment ces deux élus ont pu supposer que le PPU était bien reçu de la population avant même qu’ait lieu la consultation publique ? Ça, nul ne le sait. Mais je souhaite ici mettre en lumière les manquements éthiques flagrants de cette consultation, et non pas m’étendre sur les dons de voyance de notre maire adoré.
Alors nous y voilà. Dans la salle Victoria, le 27 novembre au soir, la salle étant trop petite pour les 300 personnes présentes, certains resteront debout. On commence par nous présenter la 3e version du PPU. Que ça nous plaise ou non, le PPU a été modifié à 2 reprises entre la séance d’information et celle de consultation. Tant pis si vous aviez déjà écrit un mémoire avec des informations qui ne sont plus à jour… Que voulez-vous, c’est normal ! La Ville, les commerçants et les entrepreneurs ont continué de parler business pendant cet intervalle de 5 mois…
Et puis vient notre tour de prendre la parole. Cette consultation publique avait comme particularité bien précise que, pour que nos recommandations soient prises en considération, nous devions les exprimer verbalement au micro, et ce, rapidement, s’il-vous-plaît, on n’a pas que ça à faire. Tant pis si vos recommandations nécessitent une mise en contexte; tant pis pour les gens non disponibles ce soir-là; tant pis pour les personnes trop gênées pour parler devant la foule et tant pis si vous deviez partir plus tôt. Il fallait attendre bien sagement son tour! Je ne saurais prêter d’emblée de mauvaises intentions de la Ville, mais cette obligation, que l’on disait justifiée dans la Loi sur l’Aménagement et l’Urbanisme (LAU), me paraît bien douteuse, d’autant plus que personne n’était en mesure de nous nommer l’article de la loi qui empêcherait le dépôt d’un mémoire écrit et non verbalisé.
De belles idées ont été présentées. Les interventions des personnes qui se sont prêtées au jeu étaient intelligentes et bien mûries. Les interventions étaient de qualité, empreintes d’une réelle volonté de s’impliquer, de contribuer au développement du quartier et d’y préserver sa qualité de vie. Ces recommandations, faites par des résidants et des résidantes avides de démocratie participative, méritent d’être prises en considération.
En effet, outre quelques interventions de promoteurs immobiliers et de propriétaires de commerces, la majorité des recommandations allaient dans le même sens et de beaux consensus se sont dégagés de cette consultation.
Parmi ceux-ci, la volonté de densifier, oui, mais pas n’importe comment, pas à n’importe quelle hauteur. Et ça manque de verdure, ça manque de pistes cyclables. Nous sommes d’accord là-dessus.
Toutes ces interventions obligatoires au micro ont évidemment pris beaucoup de temps. Comme la liste de parole était loin d’être épuisée à 22h, monsieur Picard, qui recevait nos recommandations (bien qu’il se soit absenté à maintes reprises) a unilatéralement décidé de ne pas ajourner la séance, contrairement a ce qu’il a fait aux consultations pour le PPU de Sainte-Foy. C’est ainsi que nous perdîmes d’un coup la présence des journalistes, de plusieurs autres élus (Suzanne Verreault, présidente de l’arrondissement concerné, Geneviève Hamelin, conseillère du district de Saint-Sauveur, et deux indépendants : Anne Guérette et Yvon Bussières) et de plusieurs personnes qui, vie familiale ou professionnelle oblige, ne pouvaient se permettre de veiller plus tard. Ainsi, quelques mémoires n’ont pas pu être déposés, leur porteur étant parti avant le coup de minuit.
La consultation s’est terminée à minuit avec… 36 personnes dans la salle! Trente-six! C’était la seule et unique occasion pour les citoyens et les citoyennes de se faire entendre. La seule occasion, aussi, pour les élus qui adopteront le PPU, de nous entendre. Il n’y a que Chantal Gilbert, conseillère du territoire concerné, et François Picard, maître incontesté de la soirée, qui furent bien obligés de rester jusqu’à la toute fin. On peut souligner l’écoute intéressée de madame Gilbert, mais que dire du mépris dont faisait preuve monsieur Picard?
Si une proposition ne lui convenait pas, il interpellait le citoyen pour le mettre dans l’embarras; il tentait de monter les groupes communautaires les uns contre les autres, d’accentuer les divergences entre les acteurs. Et, il s’est même permis à deux reprises, d’insulter un citoyen. Ainsi, quand un résidant se leva, en fin de consultation, en disant qu’il dénonçait cet exercice antidémocratique, Picard lui envoya un arrogant: Bye bye chummy! Comme quoi on peut tout se permettre quand on est le «petit préféré» du maire.
Je savais bien que la consultation publique tenue n’avait pas comme réel objectif de nous entendre. Je ne suis pas si dupe. C’est la loi qui oblige la Ville à tenir une telle consultation. Mais jamais je n’aurais cru qu’on puisse faire preuve d’autant de mépris envers les citoyens. Je croyais que, tout comme nous, les élus et les fonctionnaires présents allaient se prêter au jeu en faisant au moins semblant de nous écouter.
Selon l’échéancier, le PPU sera adopté par le Conseil municipal le 17 décembre, soit 14 gros jours ouvrables après les consultations. Qu’adviendra-t-il des 50 mémoires déposés? Qu’adviendra-t-il du foisonnement des belles idées alors mises en commun? On ne saurait lâcher le morceau… Le PPU Saint-Roch a offert au tout nouveau Comité citoyen de Saint-Roch une occasion solide de se faire les dents, d’amorcer en beauté son existence. C’est toujours ça de pris, et ce n’est pas rien!