par Étienne Lantier
Côté discours hyper réactionnaires, la nouvelle année part en grand. La radio-poubelle n’a pas attendu que la dinde et la tourtière soient digérées avant de continuer à polluer les ondes de Québec avec son populisme indigeste. Dénigrement des mouvements sociaux, promotion de l’idéologie sécuritaire, racisme, sexisme, économisme primaire, propos anti-pauvres, tout y passe, comme d’habitude.
Le discours est populiste certes, mais aussi, et surtout, il est cohérent. C’est celui des dominants à l’encontre des dominées, celui du statu quo qui permet à une minorité d’exploiter la majorité. Porte-étendard du maintien de l’ordre établi et d’un projet de société hautement conservateur, les radio-poubelles attaquent systématiquement celles et ceux qui militent pour la justice sociale, pour le respect des droits sociaux, pour un monde plus égalitaire et plus respectueux de l’environnement.
La Coalition sortons les radio-poubelles de Québec entend présenter régulièrement les positions défendues par ces radios sur des sujets d’actualité. Pour cette première, deux sujets chauds : le mouvement Idle No More (NDLR : Finie l’inaction), et les armes à feu.
Pour les radio-poubelles, les problèmes des Premières Nations sont la conséquence, avant tout, de leur mauvaise gestion. Le raisonnement est tout simple. Si la misère est présente dans les communautés autochtones, c’est de la faute des autochtones qui ne savent pas s’organiser. Et ça, c’est quand on n’attise pas les préjugés qui prétendent au contraire que les peuples autochtones sont des privilégiés. Par exemple, au FM 93, à l’émission Bouchard en parle, l’animateur prétend qu’il voudrait être un Innu à Natashquan en raison d’une supposée entente sur un éventuel partage des revenus du pétrole de l’Ile d’Anticosti, qui rapporterait 93 millions $ à chaque membre de la communauté…
À propos du mouvement de contestation Idle No More, les radio-poubelles n’ont pas cru bon de souligner les enjeux, ni les positions des différents acteurs sociaux. À quoi bon débattre et réfléchir quand il suffit de personnaliser la question en dénigrant la messagère ? La cheffe d’Attawapiskat Theresa Spence, dont la grève de la faim est devenue en quelque sorte le symbole de cette lutte menée par le mouvement, a été la cible d’insultes, la plupart sur les ondes de CHOI Radio X.
Les remarques désobligeantes sur le physique de la cheffe Spence ont été la norme : « la Pocahontas au double menton », « madame Pillsbury, qui mange des cup-a-soup ». Tout a été fait pour ridiculiser son moyen d’action : « c’est pas une grève de la faim, c’est une espèce de cure d’amaigrissement », « elle a gagné trois livres depuis le début de son régime », « une tasse de bouillon de poisson, c’est 700 calories, c’est plus qu’un BigMac, c’est un régime Supersize me ». L’animateur du Show du matin s’est même permis une blague de mauvais goût lors d’une publicité lue en ondes pour une chaîne de restaurants bien connue de la région : « on peut pas pousser le ridicule jusqu’à boire du bouillon de poisson trois fois par jour. Chez Normandin, c’est beaucoup beaucoup beaucoup mieux ».
La tactique est bien connue. C’est la même utilisée lors du Printemps étudiant par les radio-poubelles. Avant Gabriel Nadeau-Dubois, maintenant Theresa Spence.
La tuerie du 14 décembre dernier, dans une école de Newton, au Connecticut, et le récent nébuleux «complot» de trois étudiants d’une école secondaire de Charlesbourg ont ravivé le débat entourant le contrôle des armes à feu.
Concernant la situation américaine, le professeur Breton, lors de l’émission Maurais live, essaie de relativiser la situation : « Il se vend pour trois milliards d’armes à feu aux États-Unis, c’est moins que rien ». Quant à lui, le registre des armes fait l’unanimité du côté des radio-poubelles : il est inutile. On y dénonce la récupération faite par la gauche qui, lors de ces tristes évènements, en profiterait pour réclamer de meilleures réglementations et un contrôle plus serré des armes à feu.
Le « complot » de Charlesbourg a amené la radio-poubelle a montré sa sympathie envers le lobby américain pro-armes, la NRA. L’animateur de Bouchard en parle cautionne la proposition de permettre les armes dans les écoles : « L’argument de la NRA est pas mauvais. L’arme à feu, quand elle est placée entre de bonnes mains, ça peut sauver des vies ». Ou encore, « les enseignants, c’est pas de la formation qu’ils ont besoin. Ils ont besoin de guns ». Rien de nouveau sous le soleil. Le thème de l’insécurité est l’un des terrains de prédilection de la droite populiste.
Vous aimez les concours ? La Coalition sortons les radio-poubelles en organise un présentement juste pour vous. Un quiz où vous pouvez voter pour le pire extrait de radio-poubelles. Il est possible d’y participer ici. On vous revient bientôt avec le dévoilement du grand gagnant.
1 Chacun des extraits est disponible sur le site web de la Coalition.