Si l’on a à cœur les intérêts des groupes populaires de la ville de Québec, on ne peut dans cette campagne municipale de l’automne 2013, qu’être amené à faire le constat suivant : avec le maire Labeaume, ce n’est rien d’autre que la démocratie en miettes que l’on propose aux citoyens et citoyennes de la ville de Québec. Et tout son bagout populiste, ses sautes d’humeurs médiatisées, ses changements de cap incessants n’y feront rien : la façon dont il a décidé d’orienter sa campagne autour de la question centrale des fonds de retraite et des conventions collectives des salariés de la ville, ne cesse de nous le rappeler; tout comme d’ailleurs ses positions sur le tramway et l’élargissement du boulevard Henri IV, sans voie réservée pour le transport en commun.
Dans les deux cas, le maire joue un jeu lourd de conséquences. Au-delà même des positions rétrogrades qu’il défend sur ces 2 dossiers, ce qu’il s’emploie à faire c’est de court-circuiter les instances démocratiques représentatives du Québec. Comment? En jouant de sa cote de popularité médiatique comme d’un levier, pour jeter sous les feux de la rampe , l’une ou l’autre de ses lubies néolibérales et anti-écologistes et sommer bruyamment le gouvernement d’y répondre, en arguant de l’urgence et en le mettant ainsi au pied du mur.
En interpellant ainsi sur le mode sensationnaliste les pouvoirs provinciaux, il coupe court à toute délibération démocratique digne de ce nom et surtout se montre, non pas un bon négociateur face au provincial, mais un manipulateur inquiétant cherchant mine de rien à interférer dans des instances décisionnelles pour lesquelles il n’a pas été élu et qui, en dernier ressort, n’appartiennent pas à son niveau de pouvoir. Ainsi en a-t-il été, lors de l’épisode de l’amphithéâtre, de la loi 204 qu’il a fait passer, avec l’appui d’Agnès Maltais, à toute vapeur, créant ainsi un dangereux précédent en changeant dans les faits toutes les règles d’attribution d’un contrat public ! Ainsi risque-t-il d’en être pour les fonds de retraite et les conventions collectives des salariés de la ville de Québec. L’enjeu est important et touche à une orientation politique de fond qui devrait faire l’objet d’un véritable débat démocratique national : est-ce aux salariés, par conséquent au monde ordinaire (à ce qu’on appelle aujourd’hui la classe moyenne) de faire les frais d’un endettement incontrôlé encouragé par les gouvernements du passé, qui ne sert à enrichir qu’une minorité de lobbies financiers et de privilégiés? Or, c’est justement ce genre de questions que le maire voudrait voir, avec sa réélection, à tout prix éliminées. N’est-ce pas cela, la démocratie en miettes ?