Éco-quartiers ou quartiers durables ? La question n’est pas que sémantique. Elle pose problème. Tandis que la ville de Québec et ses promoteurs nous vendent les éco-quartiers, certains luttent pour changer la donne qui induit en erreur. Car la nuance s’impose : l’éco-quartier est un modèle, un branding commun pour vendre de la bonne conscience aux futurs résidants de ces quartiers construits en périphéries des grands centres. C’est une vision nouvelle de la banlieue qui est « marketée », cest-à-dire éco-responsable. Cette vision est-elle vraiment responsable ou est-ce seulement une nouvelle approche des promoteurs pour nous faire avaler la construction de condos en bordure de la ville ?
Le comité des citoyens et des citoyennes de Saint-Sauveur (CCCQSS), en partenariat avec le Conseil de quartier de Saint-Sauveur, tient une exposition du 2 octobre au 4 novembre 2013 au Tam- Tam café. La présentation est intitulée « Habiter un quartier durable ». Une thématique qui aborde trois sujets en trois temps : consommer, se déplacer et se loger. D’ailleurs, une citation nous frappe lors de la sympathique visite du café : « Une ville développée n’est pas un lieu où les pauvres se déplacent en voiture, mais un lieu où même les riches utilisent les transports collectifs ».
Des statistiques à l’appui
La visite est brève. De fait, les tables qui s’entremêlent ici et là dans le café sont plutôt des lieux d’échanges où on peut jaser des problématiques et des enjeux que l’on retrouve dans les quartiers bouillonnants où la réflexion nait de la nécessité. Car les quartiers « éco » ont le luxe d’un privilège certain : les moyens. Moyens de récupérer les eaux de pluies, mettre du vert sur les toits pour prévenir les ilots de chaleur et autres efficacités énergétiques. C’est moins polluant, c’est leed (qui respecte les normes écologiques), mais est-ce pour autant suffisant pour être qualifié de quartiers durables ? C’est la question que posent les gens du Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur.
Un quartier durable fait de la place pour les poussettes sur les trottoirs. De même, il limite la vitesse permise dans les rues secondaires, il impose des mesures de sécurité afin d’éviter les accidents entre voitures, piétons et vélos. D’ailleurs, un schéma de la SAAQ illustrant les points névralgiques d’accidents dans Saint-Sauveur est éloquent : le nombre d’accidents entre 2005 et 2010 pullule dans le quartier qui nous occupe. La sécurité routière est un facteur important de la saine habitation d’un quartier durable. Tout aussi imposant et important comme sujet, c’est l’accessibilité à des épiceries diversifiées dans l’offre et au diapason des préoccupations sociales d’un milieu. Car, soyons honnêtes, le quartier Saint-Sauveur offre une chiche diversification des commerces d’alimentation. En revanche, il offre une pluralité exponentielle de restaurants BCBG (bon chic bon genre) qui ne répondent en rien aux besoins criants de ses citoyens et citoyennes des plus vulnérables. Le CCCQSS est par ailleurs très fier des efforts déployés au cours des dernières années pour redorer le blason d’un quartier qui a franchement besoin d’initiatives citoyennes. Pensons aux berges de la rivière Saint-Charles, au nouveau marché public dans la cour du Centre Durocher, ou autres interventions tout aussi importantes pour la qualité de vie des résidants du quartier.