Profilage social : Québec, une ville propre, propre, propre

Publié le 11 octobre 2013

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Par Nathalie Côté

Le mardi 1er octobre dernier, l’artiste en arts visuels, Richard Martel, dînait dans le parc de la marina Saint-Roch, comme il le fait souvent. Assis sur un banc avec son sandwich et sa demi-bouteille de vin, il relaxait. Soudain, des policiers sont arrivés dans le parc avec leur voiture. Sans sortir de l’automobile, ils l’abordent et lui donnent une contravention de 220$, parce qu’il buvait du vin. Richard Martel proteste, vu le montant de la contravention, il badine… Les agents de la paix lui mettent alors les menottes et l’embarquent dans la voiture. Après l’avoir interrogé un moment, ils le relâchent finalement et il pourra retourner à son bureau. « C’était la journée de l’arrivée des chèques d’aide sociale. Il y avait des polices partout », rappelle Richard Martel, coordonnateur au centre d’artistes le Lieu. Imaginez ce que cela doit être pour un itinérant ? Richard Martel a le choix d’aller manger dans le parc, pas l’itinérant. Cela ressemble fort à du profilage social, Si ce n’est pas cela, c’est certainement un excès de zèle.

À la défense des droits et libertés

C’est cette attitude de la police de Québec et surtout la répression contre les personnes marginales que dénonce la Ligue des droits et libertés qui nous invitent à une marche silencieuse le 22 octobre prochain, à compter de midi, au Parc Saint-Roch (coin de la Couronne et Charest). La ligue revendique l’abolition des règlements municipaux discriminatoires, les modifications au règlement pour la paix et le bon ordre qui comporte, depuis le printemps 2012, un couvre-feu de 23h a 5h du matin dans les parcs et les espaces publics et l’article qui interdit de dormir ou de construire des abris dans des espaces publics. Des règlent qui touchent directement les itinérants. Françoise Laforce-Lafontaine, porte-parole de la Ligue des droits et libertés rappelle qu’en plus de dénoncer le règlement, la Ligue propose des solutions. Elle revendique un centre d’injection supervisé, un «drop-in», c’est-à-dire un centre d’hébergement à haut seuil d’acceptation, un lieu qui puisse accepter les personnes à diverses heures et dans des états seconds (drogue, alcool, état mental). Elle revendique aussi une clinique de santé, une clinique juridique pour faire face à la judiciarisation des personnes marginalisées qui accumulent les contraventions, notamment à cause des règlements de la Ville. Pour la Ligue des droits et libertés «Les contraventions, la répression, l’intimidation ou la violence ne sont pas des solutions». Que pense le parti Démocratie Québec de cette vision de l’espace public? Maintiendront-ils le couvre-feu de 23h à 5h du matin s’ils sont élus? S’engagent-ils à modifier le règlement sur la Paix et le bon ordre? Nous les avons contactés. Bien que «le parti est sensible à ces problématiques », il n’a cependant pas de position sur le sujet.

Un nouvel ordre moral?

Cette culture de la répression des marginaux, dont les élites semblent s’accommoder, participe du même esprit que la « nouvelle fête de la Saint-Jean » que nous a servi, encore cette année, l’administration Labeaume qui veut laver plus blanc que blanc en voulant faire de la fête nationale, une « fête sèche ». Comment oublier l’ambiance de la Saint-Jean du printemps 2013 ? Il y avait des clôtures à n’en plus finir; les gens qui allaient sur les Plaines devaient passer deux barrages, deux fouilles. Même la statue de René Lévesque devant le Parlement était inaccessible, entourée de clôtures de métal gris. Des clôtures partout, la fontaine de Tourny clôturée, le moindre petit carré de gazon clôturé. Un paysage désolant. Quand aurons-nous des conseillers municipaux qui vont oser défendre le droit des citoyens et des citoyennes à l’espace public ?

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