La loi 10 du ministre Barrette Centralisation de la gestion des soins de santé et exit les citoyens et les médias

Publié le 3 février 2015

Par Nathalie Côté

Dans les prochaines semaines, le gouvernement libéral va adopter, de gré ou de force, le projet de loi 10 qui fusionne la gestion des services de santé. La Coalition Solidarité Santé, regroupant des syndicats, des groupes communautaires et des organisations religieuses québécoises, s’est arrêtée au bureau d’Agnès Maltais, le 23 janvier dernier. Ils ont fait une tournée de députés de divers partis les enjoignant de bloquer le projet de loi. Que fera la députée de Tachereau ?

Le projet de loi projette de fusionner la gestion de tous les établissements d’une même région qui portera désormais le nom de CISSS (Centre intégrés de santé et de services sociaux) avec un U pour universitaire pour les villes de Québec et Montréal. Selon Audrey Dumas de la Coalition : « le nombre d’établissements sera réduit et nous nous retrouverons avec un seul conseil d’administration pour l’ensemble de la région. Les pôles de décisions s’éloigneront du milieu alors que le vrai pouvoir sera centralisé entre les mains d’un ministre qui pourra intervenir dans la gestion quotidienne de nos établissements. »

Des conseils d’administration à huis clos à compter du 31 mars

Ce n’est pas tout, ces nouveaux Conseils d’administration régionaux se dérouleront à huis clos. Sans possible présence de citoyens, ni période allouée à leurs questions. Les citoyens seront totalement exclus du système de soins, de même que les journalistes. Selon Hubert Forcier, de la Fédération de la santé et des services sociaux (CSN), «avec cette réforme, on importe le modèle de gestion du privé. »

C’est à compter du 31 mars qu’auront lieu ces fusions. Profitons-en donc pour nous présenter nombreux et nombreux aux prochains C.A. de l’Agence de santé et du Centre de santé et des services sociaux, pendant qu’ils sont encore ouverts au public !

À qui sert la centralisation ?

Selon la Coalition, cela va surtout servir le secteur privé et « profiter directement à l’augmentation de la sous-traitance et de la privatisation des services de soins. »

Pourtant aux États-Unis, en Suède, aux Pays-Bas, an Royaume-Uni, et même en Alberta, les fusions et les centralisations des pouvoirs décisionnels n’ont pas amélioré l’efficacité et n’ont pas généré les économies attendues. Selon Stéphanie Bérubé de la Coalition : « Cette façon de faire a dégradé la situation au point de mettre en danger les populations touchées. »

Centralisation et superclinique

Le projet de loi 10 et les politiques actuelles du gouvernement libéral, ont-ils un lien avec le projet centralisateur que veut faire le gouvernement en Basse-ville de Québec, en concentrant les soins dans une superclinique?

Comme l’expliquent les membres de la Coalition Solidarité Santé : « Avec les supercliniques, nous sommes encore plus loin d’un redéploiement des services sociaux pour travailler en amont et développer une réelle politique de santé. Nous sommes plutôt dans le développement d’une politique active de soutien financier pour consolider et développer le pouvoir de la médecine privée, principalement celle des médecins spécialistes. »

En outre, ces supercliniques, où sont concentrés divers services, sont davantage faites pour les gens qui ont des voitures et pour le mode de vie de banlieue que pour répondre aux besoins les gens des centres-villes.

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