Par Francine Bordeleau
Un entrepreneur de Québec souhaite acheter et démolir l’église Saint-François d’Assise, sise à côté de l’hôpital du même nom, pour en faire un immeuble à logements de 10 étages. Dans le cas des lieux de culte désertés par leurs paroissiens, austérité rime avec démolition.
À Limoilou, l’église Saint- François d’Assise, fermée depuis 2012, est dans la mire de Drolet Construction, gros entrepreneur général qui a réalisé une myriade de projets commerciaux, multirésidentiels et institutionnels. « Cette église-là est maganée et la meilleure chose qui pourrait lui arriver serait qu’elle soit démolie parce que ça commence même à être dangereux », déclarait Daniel Renaud, porte-parole de l’entreprise, dans Le Soleil du 13 janvier.
Dans ce secteur (1381, 1re Avenue), le zonage permet un maximum de 20 logements sur cinq étages. L’édifice de Drolet Construction compterait 10 étages constitués surtout de logements locatifs auxquels s’ajouteraient des espaces commerciaux et des logements sociaux. Le logement social! C’est la carotte des promoteurs pour faire avaler le toujoursplus- haut en matière de développement urbain. Rappelez-vous le projet avorté de l’îlot Irving, rue Saint-Jean un gros dossier de Droit de parole. « Grâce » à sa promesse de logement social, le promoteur GM Développement avait réussi à semer la zizanie parmi le milieu communautaire, à engager ce même milieu dans des compromis auxquels il n’aurait jamais souscrit autrement.
Le sculpteur Louis Jobin, les orfèvres Paul Lambert, Laurent Amiot et François Ranvoyzé, les peintres Antoine Plamondon et Ozias Leduc ont orné les églises, que les frères Casavant ont magnifiées de leurs orgues légendaires (au fait, l’église Saint-Fidèle, à Limoilou, a vendu son Casavant en 2014). La dîme de plusieurs générations de fidèles a servi à l’entretien de ces lieux de culte souvent luxueux. Cela pour dire que certaines églises témoignent d’un inestimable patrimoine culturel, et que toutes appartiennent à la collectivité. Leur changement de vocation devrait donc servir à des fins collectives. Voilà de toute façon un projet qui devrait interpeller la population de Limoilou, car il est très sûrement annonciateur d’une intense spéculation immobilière à laquelle le quartier avait relativement échappé jusqu’à maintenant.