par Lynda Forgues
À l’occasion de la 42e semaine de la dignité des personnes assistées sociales, le 6 mai dernier, quelque 160 personnes, pour la plupart assistées sociales, sans chèques, ou sans emploi, ainsi que des alliéEs se sont réunies devant l’Assemblée nationale pour deux bonnes raisons.
D’abord, pour contrer les discours à l’appui des mesures d’austérité, l’argumentaire en faveur du revenu social universel garanti a été lancé. On a aussi remis le Prix Maurice-Duplessis 2015 au ministre de l’emploi et de la sécurité sociale qui nous fait le plus reculer vers la grande noirceur. Le choix était difficile entre François Blais et son successeur Sam Hamad. Durant deux mois, les gens ont voté également, et frénétiquement, pour les deux candidats à la honte, mais au final Sam Hamad est ressorti gagnant pour les préjugés qu’il entretient et les coupes qu’il continue de faire subir aux personnes assistées sociales. Comme le gagnant était absent, c’est la députée Françoise David de Québec solidaire qui est venue récupérer le prix à sa place; elle a promis qu’elle le lui remettrait de façon officielle.
Objectif misère
Comme l’explique Marielle Bouchard de Rose du Nord : ‘’La dernière bébelle du ministre Hamad c’est ‘’Objectif emploi’’ qui force les gens à participer à des programmes d’employabilité. Bien des questions se posent. Qu’arrive-t-il à tous ces gens qui ne peuvent y participer ? Est-ce que leur maigre chèque sera encore coupé? Il est bien mérité ce prix.» Les programmes de formations obligatoires, en plus de coûter très cher, ont prouvé leur inefficacité à de maintes reprises. «Le ministre joue une fois de plus la carte des préjugés en laissant croire que les personnes ne veulent pas travailler et qu’elles sont bien sur l’aide sociale. Il devrait plutôt s’assurer que toutes et tous disposent d’un revenu décent qui permette de sortir de la pauvreté », explique Vania Wright-Larin, dans un communiqué émis le lendemain de l’action par le Repac.
Obstacles et préjugés
Le RÉPAC 03-12, qui regroupe une quarantaine de groupes communautaires, dénonçait le fait que cette série de mesures s’ajoute à l’abolition de programmes d’insertion au marché du travail et à la fermeture de plusieurs centres locaux d’emploi. Au sujet du discours du ministre sur les fraudes présumées des pauvres, Vania Wright-Larin renchérit : «Si ce discours rempli de préjugés plaît aux auditeurs de certaines radios de la région, il renforce les préjugés envers les personnes assistées sociales en prétendant qu’elles se prélassent dans le Sud, qu’elles travaillent au noir dans d’autres provinces, qu’elles sont gras dur en centre de désintoxication. Or, les préjugés sont des obstacles majeurs pour les gens qui souhaitent sortir de l’aide sociale».
Cette 42e semaine de la dignité devrait nous faire réfléchir à un aspect : au bout de 4 décennies de mobilisation pour faire reconnaitre la dignité des personnes les plus démunies, ce qui ressort de plus en plus, c’est la totale indignité des politiciens qui, loin de s’en prendre à la pauvreté et à ses causes, s’acharnent plutôt sur les personnes pauvres elles-mêmes.