Par Nathalie Côté
Il faut du courage pour se présenter en politique. De surcroit dans un parti comme le Bloc québécois, qui a perdu la plupart de ses députés lors des dernières élections fédérales de 2011. Qu’à cela ne tienne, Charles Mordret, la quarantaine enthousiaste, se lance dans l’arène. Nous l’avons rencontré au local électoral du parti, boulevard Charest Est, où les militants et militantes s’activent pour le faire connaître dans la circonscription de Québec, qui s’étend du Cap-Blanc jusqu’aux limites de Vanier.
Charles Mordret se présente comme candidat pour la première fois. Après des études en science politique à l’Université Laval, il a travaillé pendant plusieurs années en tourisme dans le Vieux-Québec, puis en animation multimédia à l’étranger. « C’est l’époque [en 2010] où j’ai travaillé avec des caricaturistes qui étaient engagés politiquement. J’ai été de ceux qui ont organisé la première exposition-vente des oeuvres de Georges Wolinski à Istanbul. » À l’époque, Charles Mordret a aussi participé à l’organisation d’un festival de bandes dessinées avec les caricaturistes turcs proches de l’esprit de Charlie Hebdo. « J’ai beaucoup travaillé avec ces gens-là. C’est un peu pour cela que je suis très, très sensible à la démocratie et à la liberté d’expression. »
Le candidat du Bloc est depuis longtemps souverainiste. « J’ai beaucoup voyagé au Canada anglais. Ce pays n’a pas grand-chose à voir avec nous. Il peut être notre meilleur pote, notre meilleur voisin, mais on n’est pas obligé d’avoir les mêmes politiques tout le temps. »
Charles Mordret ne part pas de zéro à Québec. La réputée Christiane Gagnon du Bloc québécois a représenté Québec de 1993 à 2011; elle était bien connue de ses électeurs. C’était avant la « vague orange » du NPD de 2011. Selon Charles Mordret, « depuis ce temps, personne n’a parlé pour les intérêts du Québec ». Lui qui tient en haute estime le travail de député espère bien pouvoir le faire en tant qu’élu local le 19 octobre prochain.
Quand on lui demande ce que le Bloc québécois propose aux citoyens du centre-ville de Québec et à l’électorat progressiste, Charles Mordret répond d’emblée. « Santé publique, sécurité environnementale et transparence des processus de consultation : ce sont les valeurs que le Bloc québécois veut mettre en avant. »
De plus en plus familier avec ce qui touche les résidants de Québec, le candidat du Bloc s’engage. « À propos du transport des matières dangereuses et des voies de chemin de fer qui traversent la ville dans des zones densément peuplées, on va exiger, on va marteler. On considère qu’on a de meilleurs processus d’évaluation qu’à Ottawa. Le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement), ça émane du Québec. On veut une pleine souveraineté sur les processus environnementaux, on veut que nos lois s’appliquent partout. »
Quand Véronique Lalande et les citoyens de Limoilou demandent qu’il y ait moins de pollution provenant du port de Québec, sans parler de l’expansion éventuelle du port, les députés du Parti québécois répondent souvent qu’on n’a pas de pouvoir tant que le Québec n’est pas indépendant. Sur cette question, le Bloc a une autre stratégie. « Nous sommes chez nous, les poussières rouges sortent de cette zone. Que cette zone soit sous compétence fédérale ou non, ça touche les communautés, ici. Nos lois doivent s’appliquer. C’est un incontournable et je vais me battre pour ça ! Vous allez voir, pendant la campagne, nous allons avoir des projets très imaginatifs en relation avec tous ces projets de développement. Je suis un démocrate. Ce dont je dois m’assurer, si je prétends être un élu, c’est que la population sera écoutée. »
Dès le début de la campagne électorale, le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a mis cartes sur table, affirmant que son parti est contre le projet de pipeline d’Énergie Est qui traverse plusieurs cours d’eau du Québec. Le candidat du Bloc partage ce point de vue. « On ne veut pas s’opposer au développement économique, soutient-il, mais on doit s’assurer que la santé publique est préservée. Dans le cas d’Énergie Est, c’est un projet mauvais pour le Québec. Les risques sont trop élevés et les communautés n’en veulent pas. Le projet risque de se faire si on ne parle pas fort. On est chez nous partout sur le territoire du Québec, les lois du Québec doivent s’appliquer. Qui d’autre que le Bloc québécois va le dire ? »