L.U.N.E : une maison d’hébergement pour et par les femmes

Publié le 14 décembre 2015
Le salon de L.U.N.E, le drop-in pour femmes au centre-ville de Québec. «photo: courtoisie
Le salon de L.U.N.E, le drop-in pour femmes au centre-ville de Québec.
«photo: courtoisie

Par Nathalie Côté

Il y a un an, le projet L.U.N.E (Libres, Unies, Nuancées, Ensemble)  a vu le jour au centre-ville de Québec.  Fermée pendant l’été 2015, faute de financement adéquat, L.U.N.E a ouvert à nouveau ses portes, le 12 novembre dernier, pour le début de la saison froide, plus problématique pour les personnes en détresse.

Cette maison est le fruit de près de dix  ans de travail d’intervenantes et de travailleuses du sexe qui se sont impliquées pour ouvrir ce drop-in à Québec.  Cette halte est un hébergement d’urgence. Un lieu unique au Québec, avec un haut seuil d’acceptation. La maison accueille, en effet,  des femmes qui sont exclues ou qui «s’auto excluent» des autres lieux d’hébergement, tels que la Maison Lauberivière ou le YWCA, qui sont souvent, d’ailleurs, débordés.

Un drop-in, c’est un lieu qui accepte les personnes peu importe leur état, sous l’effet de la drogue ou de l’alcool, par exemple. La coordonnatrice de l’hébergement, Chantal Simoneau explique: «L.U.N.E, c’est un endroit pour dormir, pas un lieu de vie. Ici, il n’y a pas de formulaire à remplir. On offre un lit, un déjeuner, un repas pour celles qui ont faim.» Elle précise: «Ce lieu est pour n’importe qu’elle femme: une femme victime de violence, qui a des problèmes de santé mentale. Ce n’est pas seulement pour des prostituées et pour des toxicomanes. Ça peut être juste une mauvaise soirée qui finit mal…».

L.U.N.E peut accueillir jusqu’à cinq femmes par nuit.  Les femmes y retrouvent aussi un service de douche, ce qu’il faut pour faire un peu de lessive. Bref, l’objectif est d’offrir un peu de répit aux femmes dans le besoin. Elles sont ensuite guidées vers des ressources qui pourront les aider à plus long terme.

Des savoirs théorique et pratique

Les femmes, qu’elles soient prostituées ou qu’elles fuient un conjoint violent, sont accueillies par une travailleuse sociale et une paire-aidante, c’est-à-dire une ex-prostituée, qui travaillent sur les lieux. Ce duo d’intervenantes, avec des savoirs à la fois théorique et pratique,  permet une plus grande compréhension des situations auxquelles sont confrontées les femmes en détresse. En même temps, comme le rappelle la coordonnatrice,  les paires-aidantes sont valorisées par un salaire, un horaire régulier. En ce sens, L.U.N.E peut être envisagé la fois comme un lieu alternatif d’intégration, un levier pour retourner sur le marché du travail, comme un lieu d’aide pour les femmes marginalisées.

Cette maison risque-t-elle de sauver des vies? La coordonnatrice acquiesce : « On dirait que oui!  Plutôt que d’aller dans un lieu où elles risquent de mettre leur vie en danger, les femmes vont venir ici.»

Le défi, maintenant, est de faire connaître ce lieu à celles qui en ont besoin.

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