Après plus de 15 ans de pratique de la peinture, Martin Bureau poursuit sa réflexion sur le monde, aiguise son commentaire politique et renouvelle sa façon de peindre. Avec l’exposition Check Engine, présentée à la galerie 3, il fait honneur à la peinture en lui donnant toute son actualité.
Par Nathalie Côté
Structures industrielles et clochers d’église, bombe qui éclate traversée par un arc-en-ciel, écrasement d’un drone, migrants et surfeur sur la même vague : toutes les images peintes par Martin Bureau posent un constat et nous rappellent tout ce qui ne va pas très bien dans le monde : pollution, souffrance, guerre.
C’est aussi, et surtout, de peinture qu’il s’agit, de fiction : « ce sont des mondes inventés », selon les mots de l’artiste. Peintes en camaïeus de bruns, des tons sur tons de bleu, au graphite et au crayon de plomb, ce sont des œuvres presque austères, avec une prédominance du dessin sur la couleur. Des images médiatisées, revues par la peinture, et à qui le peintre donne, d’une certaine façon, une pérennité. Elles sont faites de matière, et non de pixels, loin du clinquant des écrans.
Le titre, Check Engine, ce signal lumineux des voitures qui indique que le moteur a un problème, est tout à fait à propos. Par là, il pointe des événements dignes d’indignation. La peinture de Martin Bureau donne souvent dans le commentaire géopolitique, il continue dans cette veine, sans jamais toutefois tomber trop dans les lieux communs. Ses œuvres récentes commentent l’actualité mondiale, ce qui va mal, ce qu’on voudrait changer. Bref, on s’y retrouve.
Ce n’est pas moralisateur cependant: « Je ne voudrais jamais constater ce qui va mal dans le monde et dire : sentez-vous mal maintenant », précise l’artiste qui veut créer des images déstabilisantes, à la fois « sérieuses et sarcastiques ».
Le tableau Mediterranean Sundance montre, sur la même vague, un surfeur en équilibre et des migrants sur un radeau de fortune, une épave, un morceau de tôle pris au creux d’une vague qui risquent d’être engloutis. C’est nous et eux dans la même image, deux moments, deux mondes. Ce tableau rappelle le drame du Radeau de la Méduse de Géricault, et la qualité plastique de la grande vague du japonais Hokusai. C’est un des plus beau tableau de l’expo, peut-être parce qu’il s’agit d’un sujet archétypale.
Les couleurs utilisées avec parcimonie et les sujets graves participent à l’effet dramatique des œuvres de Martin Bureau. Mais fort heureusement, le plaisir de la peinture, de ces « images patiemment construites », comme les décrit l’artiste, transcende toute forme de désespoir.
Check Engine : À la galerie 3, 247,rue Saint-Vallier Est. Du mercredi au dimanche, de 12h à 17h. Entrée libre.