Par Étienne Lantier*
Coup dur pour les racistes, les sexistes, les brutes et les homophobes: après Carl Monette, Nathalie Normandeau, Jeff Fillion et Johanne Marcotte, voici le tour d’André Arthur d’être éjecté du monde des médias.
Et ce, avant même les résultats des sondages. Leurs boss avaient vraiment le feu au cul. Imperméables à toute modernité, ces dinosaures nostalgiques de l’époque duplessiste laissent dans le deuil des concessionnaires automobiles et des dizaines de restaurateurs de la Grande-Allée.
Pour expliquer leur déconfiture, les médias traditionnels évoquent des raisons simplistes. Fillion aurait fait un tweet méchant, un gazouillis destiné au millionnaire Alexandre Taillefer. Quant à Arthur, la raison évoquée serait sa sortie à propos de Jean Lapierre, peu de temps après son décès, alors que les deux hommes ont été collègues à Radio X.
La réalité est que ce n’est plus possible de faire de la radio comme dans le bon vieux temps. Les extraits audio circulent. Les réseaux sociaux s’enflamment. Le public s’indigne. Les plaintes s’accumulent. Et les boss fulminent.
Quelques jours avant son congédiement « d’un commun accord » (ce qui est en soi un oxymore), André Arthur affirmait qu’Haïti est un pays « bizarre », « lieu d’origine du sida, peuplé de voleurs où la sexualité est anormale ». La communauté haïtienne, mise au courant par nos extraits publiés sur Internet, a fait connaitre sa légitime indignation.
De son côté, Jeff Fillion, narcissique, se prenant pour une sorte de pharaon omniscient, mesquin, démagogue, haineux, jurant s’être assagi, assurait le mois dernier que tout le monde se foutait du sort de Raïf Badawi. Une façon douteuse de soutenir qu’il était correct d’affirmer, en juin 2015, que le blogueur saoudien méritait ses coups de fouets.
Notez cette lancinante impression: Ces deux brutes de Fillion et Arthur sont incapables de changer leur façon néandertalienne de faire de la radio. Même face à une indignation publique monstre.
En 2016, les propos haineux ne passent plus aussi aisément, particulièrement chez les plus jeunes.
La droite rate le coche.Elle est incapable de se faire à l’idée : le monde a changé. Denis Gravel ne cesse de s’en plaindre : « On ne peut plus dire n’importe quoi à la radio ». Les journalistes ont beau dire qu’un animateur a perdu son job à cause d’un tweet, entre nous, on le sait qu’il n’y a pas que ça. La réputation de Bell dépend de la perception de l’entreprise par la population. Bell a jugé que le public était suffisamment indigné pour pouvoir se passer de Jeff Fillion, un animateur fracassant les sondages. Pareil pour Monette et Arthur à Radio X.
Ceux qui sont tombés étaient les pommes les plus mures de l’arbre. Aucun d’entre eux n’avait son job depuis très longtemps. Les vétérans sont toujours là : Maurais, Gravel, Bouchard, Landry… Même Martineau et Duhaime, les petits nouveaux, se maintiennent.
Malgré les récents bouleversements, le portrait radio n’est pas très différent d’il y a deux ans. Il faudra donc que la Coalition sortons les radio-poubelles continue à lutter. C’est lorsque la radio-poubelle parvient à banaliser la haine qu’elle gagne. Par exemple, le 12 avril dernier, Bouchard affirmait que les féministes sont en colère parce qu’elles sont laides et jalouses. Qui s’en est indigné ?
Des choses comme ça se passent chaque semaine dans l’indifférence des journalistes, parfois même avec leur complicité. Ceux-ci ont pourtant les meilleurs moyens de faire connaitre et d’expliquer des propos controversés et inacceptables. Ce sont des valeurs progressistes qui chasseront les derniers dinosaures. Aussi vrai que la flamme écarte le vampire, c’est le féminisme, l’antiracisme et l’opposition à l’homophobie qui mettront fin à la noirceur de la radiopoubelle.