Par Jean-Pierre Guay
Le 21 mai dernier, se tint à Québec, Montréal, Sherbrooke, Saint-Georges et dans plus de 450 autres villes à travers le monde, la marche annuelle contre Monsanto. Cette année, l’objectif était de promouvoir la campagne « Éxigez l’étiquetage » (etiquetageogm. org) qui vise à ce que le Québec se dote d’un régime d’affichage des produits alimentaires contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM) dont Monsanto est le principal promoteur mondial.
Monsanto est une multinationale de la chimie et des semences, dont le ministre de l’agriculture Pierre Paradis déclarait qu’elle est « plus puissante que le gouvernement » à l’émission de Paul Arcand le 22 octobre 2015; Monsanto qui, dans le passé, a fourni de l’agent orange (dioxine) à l’armée américaine, qui fut ensuite pulvérisé au-dessus du Vietnam causant encore à ce jour des malformations congénitales; Monsanto qui vient d’être condamnée pour pollution au BPC et fait face à d’autres accusations à ce sujet; Monsanto qui a admis avoir corrompu des officiels de pays en développement, mais qui, de l’autre main, poursuit agressivement pour vol de brevet des fermierÈREs dont les champs ont été contaminés par ses semences OGM.
Les OGM sont le cheval de bataille actuel de Monsanto (qui avec DowDupont, BASF, Syngenta et Bayer contrôle 60 % du marché mondial des semences). Elle en a fait miroiter toutes sortes de vertus : résistance à la sècheresse, aux maladies, amélioration des qualités nutritives, hausse de la productivité, etc. mais dans les faits elle ne met en marché que des semences modifiées pour une seule caractéristique : la résistance à l’herbicide RoundUp, produit lui aussi par Monsanto.
L’ingrédient actif du RoundUp est le glyphosate que les agriculteurRICEs peuvent alors utiliser à profusion sans risque de faire mourir leurs cultures OGM; ces dernières vont néanmoins l’accumuler dans leurs tissus : feuilles, fruits, graines, etc. Le glyphosate agit en inhibant l’action d’un enzyme nécessaire à la synthèse de certains acides aminés. Le hic est que ce processus enzymatique a aussi cours dans notre microbiote intestinal (aussi connu sous le nom de flore intestinale) qui lui n’a pas été modifié génétiquement pour résister à cette molécule… sa toxicité est débattue et Monsanto n’a jamais rendu publiques ses données brutes à ce sujet.
Des recherches indépendantes évoquent un lien possible entre glyphosate et cancer, maladie de Crohn, maladie de Parkinson, problèmes hormonaux, troubles neurologiques, anomalies congénitales, autisme et infertilité; bien sûr, ces liens ne sont actuellement pas prouvés, mais je vous recommande cette conférence http://atquebec.org/2015/02/26/ les-aliments-genetiquement-modifieset- votre-sante-le-glyphosate/ qui expose les arguments en opposition à l’usage du glyphosate. Et quand on apprend par une étude de l’Université de Californie à San Francisco que le glyphosate est significativement présent dans l’organisme de 93 % de la population américaine…
Et si cela n’est pas assez, sachez que ce transgène se serait croisé avec des plantes apparentées, que d’autres plantes développeraient une résistance au glyphosate forçant à accroître les doses épandues et que finalement la contamination des sols et des cours d’eau s’accroît, le glyphosate étant une molécule très stable pouvant traverser plusieurs organismes avant de se dégrader.
Merci aux AmiEs de la Terre de Québec et à VigilanceOGM d’avoir organisé cette marche, merci aux quelques 300 personnes qui y ont participé, merci à l’orchestre de rue, qui permit d’exprimer nos frustrations de façon festive, rendezvous l’an prochain ! À moins que Monsanto fasse faillite… on peut rêver…