Par Nathalie Côté et Lynda Forgues
Dès 6 heures ce matin du 13 octobre, des manifestantes et manifestants se sont regroupés devant le Centre Durocher pour dénoncer la démolition injustement autorisée par une administration municipale fermée et insensible à la volonté citoyenne.
Depuis trois ans, la population de Saint-Sauveur lutte pour conserver le centre communautaire d’architecture art déco, situé sur un site exceptionnel, au cœur du quartier populaire le plus modeste de Québec.
Une cinquante de personnes ont formé une chaine humaine devant le chantier vers 8h du matin, réclamant une maison de la culture sur le site même, pour faire échec à la démolition du bâtiment patrimonial. Les citoyens demandent que Labeaume accepte l’invitation des Oblats, qui ont convié les différentes parties à une réunion le 18 octobre prochain.
Les manifestants revendiquent la suspension du permis de démolition que la Ville a octroyé au propriétaire Action-Habitation qui veut démolir le centre pour y construire un immeuble de logements de six étages, comprenant une trentaine de logements au prix du marché et une trentaine de logement sociaux. Le prétexte du logement social est utilisé par la Ville pour refuser la consultation citoyenne. Rarement a-t-on vu un maire défendre avec autant d’acharnement le logement social!
Les opposants à la démolition du centre sont pour le logement social, mais plusieurs autres sites dans le quartier pourraient en accueillir sans démolition.
Cette lutte rend les gens de Saint-Sauveur de plus en plus fiers et tisse des liens entre les jeunes familles nouvellement installées dans le quartier et les résidants de toujours. Comme l’a souligné le sociologue Antoine Baby à maintes reprises, un accès à la culture dans les quartiers défavorisés permet une plus grande réussite scolaire des enfants.
Au cours des dernières années, le quartier a vu disparaitre notamment une caisse populaire et une clinique sans-rendez-vous; la conservation du centre communautaire au cœur du quartier permettra de sauver des services de proximité. Une maison de la culture populaire au Centre Durocher serait un gage de revitalisation, sans gentrification.
Pour plus de photos, voir le reportage de Klody Tremblay