Par Lynda Forgues
Au soir du 26 octobre, à Québec, un millier de personnes se sont rassemblées au centre-ville de Québec, à l’appel de groupes féministes, pour dénoncer la culture du viol qui fait des ravages dans notre société. Alors que cinq autres villes voyaient de tels rassemblements et manifestations se tenir le même soir, celui de Québec était chargé d’un sens très lourd.
C’est en effet à l’Université Laval qu’ont eu lieu une série d’agressions sexuelles à la mi-octobre, dans les résidences étudiantes. La façon dont cela fut géré et reçu par la direction universitaire donna lieu à un rassemblement sur le campus le 20 octobre, où un micro ouvert donna la possibilité à des personnes de dénoncer des agressions subies, sous les mots d’ordre de #onvouscroit et : non à la culture du viol.
Quand Alice Paquet est allée au micro le soir du 20 octobre, elle ne se doutait pas de ce qui allait en découler. Après son témoignage, une campagne médiatique s’ensuivit qui résonna très fort du côté des femmes et des victimes d’agressions, lançant une nouvelle flambée de témoignages et de révélations, assez semblable à celle de #agressionnondénoncée il y a deux ans. Du côté des antiféministes, des discoureurs et chroniqueurs poubelles, on aurait dit qu’ils avaient tous attendu cette semaine-là pour sortir leurs pires discours tricotés de préjugés à propos des femmes et de la sexualité. À Québec, sur les ondes des radios populistes, c’était vraiment le pire de l’odieux.
Les personnes présentes à Place de l’Université ont pu entendre plusieurs allocutions avant la marche, dont celles d’Ingrid Garcia sur les femmes prisonnières politiques au Mexique et le mouvement Nestora Salgado; Camille Comeau a chaudement été applaudie quand elle a crié : «Ce n’est pas normal qu’un animateur de radio de Québec soit encore en ondes cette semaine après avoir fait des commentaires haineux sur celles qui ont dénoncé des agressions». Si les députées Mireille Jean et Manon Massé, qui se sont présentées ensemble, ont bien été reçues, la ministre Lise Thériault, venue annoncer qu’une motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale condamne désormais la culture du viol, a quand même été invitée par la foule à répondre à la question : es-tu féministe ? À la fin, elle est revenue, a attrapé le micro et a déclaré : je suis féministe. Il est vraiment rare de voir une telle concordance chez les politiques, sauf peut-être dans les cas de funérailles.
Avant le départ de la manif, la dernière personne à parler était Donna Larivière. Elle fut chaleureusement accueillie par la foule. Très émue, elle revenait de Val-d’Or et a dénoncé les policiers de la SQ qui, non contents de faire une plainte contre Radio-Canada, ont même envoyé un détective privé intimider les femmes qui avaient porté plainte. Ce qui ressortait le plus de l’ensemble des témoignages, c’est le courage nécessaire pour dénoncer, et le soutien et la solidarité qui importent par la suite.
Quand plus de 1000 personnes se rassemblent à Québec en octobre sous une pluie glaciale qui allait se changer en neige, vont marcher et manifestent, se tiennent ensemble pour dénoncer les faiseurs de haine, c’est un tout un autre aspect de la capitale qu’on entend.
voir la video de Mickael Bergeron tournée en direct à la manif du 26 octobre