Par Lynda Forgues
Alors que le Centre Durocher a été démoli à la fin de l’année, Droit de parole propose pour entamer l’année 2017, un retour sur les trois ans de lutte, avec en lien une quarantaine de textes publiés sur le sujet depuis trois ans.
La lutte menée n’a pas été vaine, malgré le trou creusé au centre du quartier Saint-Sauveur, elle a tissé des liens et a permis aux gens du quartier de prendre la parole.
La Maison de la culture souhaitée n’est pas un dossier clôt pour autant. La dérogation de zonage nécessaire à la construction de l’immeuble à logements et la coupe d’arbres matures sont toujours contestés en ce début d’année.
Dès décembre 2013, le journal Droit de parole consacrait une grande partie de son numéro au présent et à l’avenir du centre Durocher. C’était juste après les élections municipales ayant reporté au pouvoir Labeaume et son équipe. D’abord, une entrevue par Nathalie Côté avec les deux citoyennes Lise Beaupré et Line Plamondon qui venaient de fonder le comité de sauvegarde du centre Durocher.
À la une, un article annonçant une labeaumerie par Marc Boutin, qui y dénonce déjà la Ville : «le rôle de la Ville n’est certes pas d’accentuer la débandade. Or, c’est justement ce qu’elle fait en voulant démolir, sans consultation publique préalable, le centre Durocher. Et elle tente de procéder en cachette, sachant très bien que la population s’opposerait. On a là l’exemple type d’une labeaumerie : une trahison urbaine, une ruse qu’un maire ou un de ses complices commet auprès d’un groupe de citoyens sans méfiance.»
De plus, Marie-Noëlle Béland plaidait pour les nombreux services du centre Durocher, milieu de vie, notamment la garderie : «La grande souplesse du service offert permet de répondre à des besoins variés. Des parents ayant besoin du soutien d’un organisme du quartier ou désirant participer à une démarche d’alphabétisation y reconduisent leur enfant le temps d’un atelier ou d’une rencontre avec un intervenant…»
Dans le numéro suivant, en février, d’autres appuis du quartier se font jour, dont celui du candidat pour Démocratie Québec dans le quartier Saint-Sauveur aux élections municipales précédentes, Jean-Yves Roy, que Nathalie Côté a rencontré.
Marc Boutin propose, avec dessin d’architecture à l’appui, que le logement social prévu au centre Durocher soit construit ailleurs, par exemple sur le terrain du stationnement de la Ville. On apprend qu’un moratoire a été demandé au conseil municipal par les militantes du comité de sauvegarde et que la pétition a été déjà signée par des centaines de personnes du quartier.
Le journal Droit de parole annonce pour le 1er avril 2014, la manif contre la démolition du Centre Durocher, et son trajet du Tam-Tam café jusqu’au Centre Durocher, à l’invitation du comité de sauvegarde du Centre Durocher. Une quinzaine de personnes y prennent part.
Marc Boutin nous parle du Comité de sauvegarde, avec à sa tête Madame Lise Beaupré, qui s’est présentée au Conseil de Ville du 22 avril pour déposer une pétition de plus de deux mille signatures de personnes opposées à la démolition de ce centre communautaire situé au cœur de Saint-Sauveur.
Au mois de juin, à l’assemblée générale du CCCQSS, de nombreuses citoyennes et citoyens se sont impliquées pour la sauvegarde du centre Durocher. On y demandait une assemblée publique. Retour sur cette histoire par Lynda Forgues. Le comité citoyen ayant fini par organiser une assemblée publique pour le 24 septembre, Droit de parole annonçait cette assemblée en encourageant les gens à s’y présenter.
Fin septembre, nous publiions un compte-rendu de l’assemblée, par Nathalie Côté, avec support vidéo (très amateur, par Lynda Forgues) des interventions publiques des personnes présentes. C’est intéressant de voir les divers commentaires des gens présents qui par la suite vont s’impliquer au comité citoyen.
Et Marc Boutin en donnait un compte-rendu journalistique dans le numéro d’octobre et concluait : «La soupe démocratique se réchauffe pour les partisans de la démolition. Ils se rendent compte à l’évidence que le point de vue qu’ils défendent n’est pas du tout populaire en Basse-Ville et plus particulièrement dans le quartier Saint-Sauveur.»
Le journal Droit de parole persiste dans son appui au comité de sauvegarde du centre Durocher et parle de leurs recherches sérieuses, un article de Marc Boutin et Nathalie Côté : «Dans sa récente transaction avec Action-Habitation, la corporation du Centre Durocher a-t-elle respecté les conditions de la cession par les pères Oblats ? Il semble que non. D’ailleurs, sur la base de ces révélations, soit le non-respect des clauses de 1979, le Comité de Sauvegarde du Centre Durocher s’interroge sur un possible recours…»
Marc Boutin parle de carence culturelle dans Saint-Sauveur : «Le Centre Durocher est tout désigné pour remplir la carence en équipement culturel et ce, à un coût moindre que celui de sa propre démolition.»
Pour la première fois, on entend un son de cloche venant du CCCQSS en faveur de la sauvegarde du centre Durocher. Une idée d’une maison de la Culture dans le centre communautaire voit le jour. C’est en décembre 2014, au cours d’une conférence de presse.
Marc Boutin développe sur le projet de Maison de la culture.
Lise Beaupré, du comité de sauvegarde du centre Durocher, revient sur le manque de démocratie et sur le peu d’écoute de la part de la Ville.
Le CCCQSS réclame une bibliothèque dans Saint-Sauveur.
Danielle Papillon, une citoyenne du quartier, s’engage pour le Centre Durocher «Lorsque j’ai constaté que le Centre Durocher, qui fait partie des plus lointains souvenirs de ma famille, était en péril, je n’ai pu m’empêcher d’essayer de comprendre comment on avait pu en arriver là, et surtout comment on pouvait penser mettre la hache dans ce lieu en catimini, sans la moindre consultation citoyenne.»
Michael Parrish prend position contre la démolition du centre Durocher : «Tous les citoyen-nes, qu’ils soient propriétaires ou locataires, commerçants ou organismes communautaires, paient les taxes municipales et tous ont voix au chapitre en ce qui concerne les choix de société.»
Droit de parole publie une lettre d’appui à une Maison de la culture dans le quartier Saint-Sauveur, signée par plus de 150 artistes et personnalités de la culture, un beau projet du CCCQSS.
Une consultation populaire organisée par le Conseil de quartier en juin sur un projet de maison de la culture dans le quartier Saint-Sauveur. Marc Boutin en fait un résumé : C’est l’unanimité.
Marc Boutin revient sur une certaine presse qui rencontre la conseillère Chantal Gilbert au sujet du Centre Durocher mais qui oublie de s’informer adéquatement… auprès des gens du quartier, ou du communautaire.
Marc Boutin et Nathalie Côté étaient présents avec plus d’une centaine de résidants de Saint-Sauveur devant le Centre Durocher pour dire au maire Labeaume de les écouter et de ne pas démolir le centre communautaire art-déco construit par les pères Oblats dans les années 1950…
Marc Boutin revient sur le conseil municipal du 7 décembre. Nombre de gens du quartier, de personnes travaillant au CCQSS, d’artistes et de gens de cœur viennent au micro pour interpeller les élus, dont le maire Labeaume… Déni de démocratie. Réponses méprisantes et arrogantes.
Pierre Mouterde résume dans son dossier sur le Centre Durocher, les deux ans de lutte et révèle que l’étude de 21 millions de $ du maire Labeaume n’était qu’une fraude.
À son tour, le CCCQSS revient avec une demande de moratoire, tout comme la citoyenne Lise Beaupré, deux ans plus tôt. Se basant sur le document obtenu par Line Plamondon (du précédent comité de sauvegarde du centre Durocher), document dont l’accès fut refusé durant plus d’un an par la Ville de Québec qui, en matière d’accès à l’information, a une bien mauvaise réputation. Un article de Nathalie Côté.
Marc Boutin aborde le sujet du centre Durocher sous l’angle de l’aménagement global des quartiers : «Non seulement le projet résidentiel ne respecte pas le zonage, mais il bafoue en plus la volonté populaire et contredit un des postulats les plus élémentaires de l’aménagement urbain qui veut que la place publique d’un quartier soit un endroit de mixité fonctionnelle où la priorité doit aller aux équipements collectifs, surtout lorsque ceux-ci hébergent des activités culturelles.»
Pierre Mouterde rapporte les questions des citoyen-nes lors du conseil municipal qui a suivi la révélation du document de la Ville, et le changement de discours – plutôt opportuniste -du maire.
Pierre Mouterde rapporte qu’au CCCQSS on a de l’espoir… «Du côté du Comité, on reste serein et on garde le cap : ‘’à chaque fois qu’on va au Conseil de Ville, on fait des gains ’’. Le Comité va donc continuer ses pressions médiatiques et engranger des appuis qui ne cessent de croître pour doter le quartier Saint-Sauveur d’une maison de la culture sise au Centre Durocher.»
Marc Boutin dénonce le rôle du GRT Action-habitation dans le gâchis du centre Durocher : «Les groupes de ressources techniques (GRT) ont été créés dans les années 1970 afin de contrebalancer le pouvoir des villes et de l’État et de défendre la création de coopératives. Comment un GRT en est-il venu aujourd’hui, dans le quartier Saint-Sauveur, à s’opposer à la volonté populaire et à jouer le jeu du pouvoir municipal ?»
Pierre Mouterde est allé à la conférence de presse organisée par le CCCQSS et rend compte de leur projet étoffé présenté par Antoine Baby, professeur en éducation, et par Jacques Plante, de l’école d’architecture.
Dimanche le 3 juillet, le quartier Saint-Sauveur a donné un nouveau coup de cœur pour la sauvegarde du Centre Durocher et sa transformation en Maison de la culture. L’Orchestre d’hommes-orchestres a installé sa caravane au parc Durocher et invitait les gens à prendre la parole pour la sauvegarde du Centre. Un reportage de Nathalie Côté et Marc Boutin.
En septembre, Pierre Mouterde présente la proposition des Oblats, alors qu’un appel d’offre de services a été lancé par le GRT Action-Habitation pour démolir le Centre Durocher. Les Oblats proposent un exercice collectif de recherche d’une solution bonne et viable pour tout le monde… à suivre.
Pierre Mouterde à la conférence de presse appelée par le Ville de Québec le 3 octobre 2016 : Armand Saint-Laurent, Julie Lemieux et Régis Labeaume n’avaient rien de réjouissant à annoncer aux gens du quartier Saint-Sauveur. (avec vidéo)
Lynda Forgues a rencontré des personnes du quartier qui se sont présentées au conseil municipal pour faire entendre leur voix, très déçues après la conférence de presse du 3 octobre : (avec vidéo)
Nathalie Côté : À 7h20 le matin du 12 octobre, les entrepreneurs engagés par Action-Habitation commençaient la démolition du Centre Durocher. Une douzaine de personnes du quartier se sont rapidement rassemblées sur les lieux pour dénoncer Labeaume et la conseillère du quartier, Chantal Gilbert (vidéo), alors que la veille, 11 octobre, deux cent personnes manifestaient au centre Durocher pour sa défense.
Nathalie Côté et Lynda Forgues étaient sur place : Dès 6 heures ce matin du 13 octobre, des manifestantes et manifestants se sont regroupés devant le Centre Durocher pour dénoncer la démolition injustement autorisée par une administration municipale fermée et insensible à la volonté citoyenne.
Nathalie Côté fait un tour d’horizon de divers points de vue sur la question : «François Saillant, né dans St-Sauveur, dans ce qu’on appelait à l’époque, la paroisse Saint-Malo, précise : ‘’L’opposition des citoyens n’était pas une opposition au logement social.’’»
Pierre Mouterde: «les Oblats font cependant un pas de plus. Et alors que les travaux de décontamination sont bien entamés, non seulement le père Luc Tardif, par le biais d’une nouvelle lettre publique, réitère sa demande de rencontre avec le maire, mais encore il se ‘’désole’’ que ce dernier ne lui ait pas répondu».
Nathalie Côté et la fresque que la Ville a commandée pour cacher non seulement la démolition mais aussi l’opposition citoyenne à cette démolition.
La parade des jouets passait devant le centre Durocher. Des militantes de la première heure de la défense du Centre communautaire en ont profité pour accrocher une bannière sur la clôture entourant le parc, ainsi que quelques pancartes dénonçant le projet de démolition. La bannière y est restée durant des heures.
Nathalie Côté revient sur la controverse de la fresque du centre Durocher « ce qui déborde, selon Guy Sioui Durand, c’est la contestation. Aux deux bouts de la fresque, il y a les graffitis. On peut lire d’un côté : ‘’ le mur de la honte’’, et de l’autre côté : ‘’ non à la démolition ’’. Cela révèle qu’il y a une controverse, qu’il n’y a pas unanimité. C’est encore ce genre de débat que la démagogie brutale de l’administration Labeaume refuse. C’est la même non-démocratie dans le sens de non-débattre des choses et de refuser d’en parler. »
Nathalie Côté résume la soirée autour du film : Le Chantier des possibles : «Présente dans le public, Danielle Papillon, une militante engagée dans la lutte pour conserver le Centre Durocher, a pris la parole pour partager son expérience. Danielle Papillon fait partie des dizaines de citoyennes et de citoyens du quartier qui ont mené la lutte dans Saint-Sauveur et qui ont réussi à convaincre le CCCQSS de s’engager dans ce combat.»
Nathalie Côté sur la démolition presque achevée du centre Durocher parle des nouveaux enjeux pour le quartier qu’elle habite : «Un zonage que la Ville de Québec vient de modifier en novembre sur presque tout le territoire du quartier Saint-Sauveur, faisant passer la hauteur limite des bâtiments de 10 à 12 mètres. Le Conseil de quartier a donné son assentiment au changement général de zonage lors d’une consultation dont la tenue n’avait pas été annoncée publiquement et largement à tous les citoyens.»
René Boudreault, un résidant du quartier Saint-Sauveur, a fait parvenir un conte de Noël au journal pour dénoncer la cruauté municipale : «Les gens du quartier Saint-Sauveur ont reçu récemment leur cadeau collectif de Noël de la part du vrai père Noël dont les ateliers sont situés dans le secteur de l’hôtel de Ville de Québec. Il s’agit d’un gros jeu de déconstruction, fabriqué par une compagnie de démolition…»