Festival contre le racisme de Québec : Cultiver la solidarité

Publié le 3 février 2017

Par Lynda Forgues

Le Festival contre le racisme de Québec se tiendra à Québec du 16 au 19 février. Droit de parole a fait une entrevue avec Nikolas Vibo, du comité organisateur de l’événement culturel.

[ndlr : cette entrevue avait été réalisée avant l’attentat raciste du 29 janvier]

Nikolas Vibo, un militant de longue date à Québec, lui-même immigrant, qui a fait de la radio communautaire et qui a mené diverses luttes pour les droits et libertés, s’est impliqué, avec d’autres, dès le début dans l’organisation de cet événement. Ce genre de festival ne s’est jamais vu dans notre ville. Il existe déjà des événements culturels comme Mondo Karnaval ou Festival Nuits d’Afrique, qui utilisent la musique pour faire vivre la diversité culturelle. Le Festival contre le racisme s’inscrit dans un registre différent; c’est un événement qui nous permettra de nous solidariser les uns les autres pour lutter contre le racisme, explique Nikolas Vibo.

Le racisme

L’idée de proposer cette idée dans la capitale est venue de la lecture que le comité organisateur, indépendant de toute formation politique, fait de la réalité du racisme aujourd’hui: «Il y a des périodes où il semblerait que le racisme se manifeste avec plus d’ardeur, ce que nous pourrions appeler une période d’«éclosion» de racisme… Depuis quelques années, et à plus forte raison quelques mois, nous pourrions croire que nous sommes en plein milieu de ce type de période», souligne Nicolas Vibo.

Québec, malgré ses particularités, n’est pas détachée de la réalité nord-américaine, ou mondiale. «Pour parler concrètement, explique-t-il, on a vu la situation des Afro-américains des États-Unis et des débats soulevés pendant la campagne électorale, la situation des femmes autochtones à Val d’Or, le livret à l’intention de nouveaux arrivants de Labeaume, l’organisation formelle de groupes explicitement racistes et les déclarations des radios poubelles sur les réfugiés, ces deux derniers également dans la ville de Québec…»

Nous avons demandé si le racisme, dans la ville de Québec, avait quelque chose de particulier, une odeur spéciale, différente d’ailleurs ? «Je ne crois pas que le racisme soit différent à Québec; c’est plutôt une question de savoir de quelle manière il trouve une force d’appui dans la société.

Ainsi, le racisme est le même qu’ailleurs, toutefois ce qui différentie Québec, c’est plutôt la manière dont de plus en plus on voit des organisations militer pour un projet qui prend pour base le racisme. Mais d’autres manifestations du racisme sont également présentes, et pas seulement à Québec, et tout aussi dangereuses: lorsque des institutions publiques reproduisent une discrimination ou une violence raciales, ou que le racisme s’érige en structure sociale, voire en pratique discursive du sens commun, etc.»

Les radio-poubelles

À propos des radio-poubelles, dont on entend des propos racistes dans la pub vidéo qui circule pour annoncer le Festival, Nikolas Vibo croit qu’elles font partie d’un ensemble de facteurs favorisant le racisme, sans en être la cause unique: «Il semblerait, par exemple, qu’à Québec nous peinions à nous imaginer en tant que communauté habitant la même ville, ce qui fait que ça devient un problème structurel, mais également de vie quotidienne. C’est à dire que l’organisation de nos vies, collective et individuelle, par le travail, le temps, l’espace, les occupations, les intérêts, etc., fait en sorte de nous séparer et c’est dans cette séparation que d’un coup, les messages véhiculés par ce type de média vient donner un sens — à vrai dire, un semblant de sens — à cette vie décousue.»

Le Festival comme lutte

Pourquoi ce Festival ? Nikolas Vibo dit que c’est une plateforme qui permet à des gens des divers milieux, qui se sentent interpellés par la lutte contre les injustices sociales et par la musique, de pouvoir se rencontrer. Le militant nous rappelle dans quel contexte le Festival contre le racisme s’inscrit, celui de la lutte antiraciste: « je crois qu’il devient impératif non seulement de détruire le discours raciste, mais en plus de situer la lutte contre le racisme dans un large éventail de luttes sociales. » Ça n’est pas qu’un événement culturel, nous explique celui qui a été amené à se proposer comme organisateur des scènes «hip-hop» et «afro-latine» du Festival, qui comporte aussi des volets folk, rock, hard punk, hardcore et cumbia. Les spectacles auront lieu au Fou-Bar, au Cercle et à la Source de la Martinière.

Février, le Mois de l’histoire des Noir-e-s

Le Festival a lieu au mois de février, qui est le Mois de l’histoire des Noir-e-s qui, rappelons-le, est souligné à Québec depuis une quinzaine d’années, quoique le premier Noir soit arrivé ici en 1629, comme nous le rappelle Webster. Le rappeur de Limoilou organise depuis des années de nombreuses activités autour de la mémoire et de la connaissance de notre passé collectif. C’est en collaboration que les deux organisations ont ajusté leurs programmations afin de permettre au plus grand nombre de participer à plus d’activités. Webster sera sur scène le 18 février dans le cadre du festival contre le racisme.

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