Par Nathalie Côté
Les terres des Sœurs de la Charité ont eu une vocation agricole depuis le régime français. Mais l’avenir de ces précieuses terres arables est en jeu depuis leur vente en 2014. Leur pérennité est actuellement entre les mains du gouvernement provincial et de la Ville de Québec. Mais les citoyennes et les citoyens veulent aussi que leurs voix soient entendues.
Les terres ont été vendues à la société Dallaire (le promoteur Dallaire de l’entreprise Cominar, également promoteur du «Phare» de Sainte-Foy). Le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire et la Ville de Québec n’ont d’ailleurs pas encore donné leur aval au controversé projet immobilier du promoteur dont la réalisation est conditionnelle au changement de zonage des lieux.
L’Union des producteurs agricoles ainsi que divers groupes de Québec réunis en coalition, Vivre en Ville, les Amies de la Terre, Craque-Bitume, Équiterre et d’autres demandent que la vocation agricole des terres soit protégée. Une pétition a récolté des milliers de signatures et un sondage SOM révélait, en juin dernier, que 74 % des gens de Québec tiennent à la vocation agricole de ces terres.
Le 22 janvier dernier, l’Association Générale des Étudiants en Agriculture, Alimentation et Consommation de l’Université Laval a adopté une motion pour la défense de la vocation agricole des terres des Sœurs de la Charité. Pour Simon Hénault de l’association étudiante: «Notre idée est de se joindre à des initiatives citoyennes pour rappeler que l’enjeu est toujours d’actualité. » Les étudiants comptent d’ailleurs prendre la parole sur cette question importante, d’autant plus que 2017 est une année d’élections municipales : « Ce qu’on veut faire, c’est apporter notre réflexion sur l’avenir de ces 600 hectares inclus dans le tissu urbain. »
Les citoyennes et les citoyens continuent de prendre la parole pour défendre les terres. Claudine Dorval, impliquée pour sauver les terres depuis deux ans : «J’ai un souci profond pour le bien commun et la justice sociale. Tout ce territoire, c’est un bien collectif», souligne-elle.
Depuis que les terres ont été vendues, la question environnementale se pose avec encore plus d’urgence, tel que le souligne Claudine Dorval: «La tendance est de plus en plus à la culture bio et locale comme la faisaient nos ancêtres. C’est un miracle que ces terres existent encore… Pourquoi demander un dé-zonage des terres agricoles alors qu’il y a déjà plein d’autres espaces à développer?»
Le ministère des Affaires municipales a demandée à la Ville de Québec de refaire son Schéma d’aménagement proposé en 2016. Notamment, parce que la Ville avait surévalué de 30% l’augmentation de la population dans les 20 prochaines années pour justifier l’empiètement des territoires agricoles par des développements immobiliers dans la grande région de Québec. C’est la 2e version de ce schéma d’aménagement qu’attendent ceux et celles qui veulent conserver les terres des Sœurs de la Charité. Il devrait être déposé dans les prochains mois.
Qu’attendent-ils de la Ville de Québec ? «On attend qu’ils aient lu et pris en considération les mémoires qu’on a déposés », répond Claudine Dorval. En juin dernier, les citoyens ont eu 5 semaines pour prendre connaissance du schéma d’aménagement de la Ville (de quelques centaines de pages). Des dizaines de mémoires ont été déposés. Claudine Dorval avait alors dénoncé le manque de temps alloué aux citoyens pour étudier le document.
Ce débat soulève des questions sur la démocratie municipale. Claudine Dorval explique: «C’est un enjeu majeur pour la ville de Québec. Ce qui m’intéresse c’est aussi la question de la démocratie. Tant qu’il n’y a pas de démocratie, on ne peut pas sauver la nature. »
Les femmes et d’hommes réunis au sein de Voix citoyenne travaillent à la sensibilisation de l’importance de la nature en ville. Le groupe a organisé des conférences sur la renaissance des cours d’eau en ville, sur les consultations publiques. Il prépare un colloque le 1er mars prochain (voir encadré): «On ne veut pas se révolter sur ce qui se passe, on veut en faire partie. On veut être consulté», explique-t-elle.
Dans le contexte de la révision du schéma d’aménagement et des projets de loi 109, 121 et 122 en cours, qui concentrent le pouvoir entre les mains des conseils municipaux et retirent à Québec et à Montréal le droit au référendum, sans contrepartie.
Thèmes du colloque:
— Enjeux des projets de loi.
— Révolution du système de transport.
— Aménagement du territoire et santé publique.
Le mercredi 1er mars, de 13 h 30 à 17 h 30. À la salle 1168, Pavillon d’Optique-photonique de l’Université Laval, rue de la Terrasse. Une gracieuseté de L’Institut Technologies de l’information et Sociétés.
Je ne comprends pas ce qui pousse nos administrateurs à vouloir construire des résidences sur ces terres alors qu’à environ un km au nord, sur le Précambrien, vous pourriez construire sur des terres sans aucun potentiel agricole. Dans un premier temps, vous pourriez faire des développements jusqu’aux limites de la Réserve des Laurentides et même dans un deuxième temps encore plus vers le Nord.