Par Geneviève Lévesque
Ce dimanche 12 mars, dans le cadre du Mois de la poésie de Québec et le soir même de la marche de la Jour- née internationale des femmes, Émilie recevait une quinzaine de personnes chez elle dans le Vieux-Québec pour assister au spectacle «Clair de femme» de Flavie Dufour.
«Clair de femme» est un «intense mouvement de vie qui rage d’aspirations à fleurir». C’est une grande réussite, un moment poétique, musical et théâtral touchant.
«Au départ je voulais faire un spectacle sur la solitude», dit-elle. «Mais aussi je voulais célébrer la rencontre». Flavie Dufour se dit de plus en plus satisfaite de son spectacle qu’elle décrit comme un «work in progress». Elle le transforme et le réinvente au fil des présentations. C’est sa passion, elle ne pense qu’à ça… et travaille à récolter des histoires d’hommes, peut-être pour un deuxième spectacle? Elle enregistre également un disque avec les pièces chantées de son spectacle actuel. Elle souhaite dès maintenant partir en tournée. Elle a commencé à jouer dans les centres de femmes et compte bien continuer à mettre sur pied ses rencontres poétiques.
Dans le minuscule salon d’Émilie, au centre de l’espace de jeu, trois marionnettes dans un coffret, un miroir, un accordéon. Flavie Dufour, poète, slameuse et animatrice, fait son entrée. «Mon petit cœur est en danger », annonce-t-elle. Passant par le conte de fée, avec sa princesse, son dragon et son prince errant, elle explique son rapport à la solitude: « J’me sens en bonne compagnie toute seule. […] On chill ensemble moi pis moi. » C’est elle, la princesse dans sa tour d’ivoire.
Pourtant, elle n’est pas seule; il y a les marionnettes. Elle les présente, raconte leur histoire, son rapport avec elles. Il y a le papa orphelin, l’homme rêvé. Il y a la vieille fille, celle dont la colère pince le sourire. Et Flavie de se mettre en colère, perdant sa voix douce pour se mettre à grogner et à trembler de rage. Et la troisième marionnette, l’adolescent, l’enfant incertain, l’espoir de la maternité.
Flavie nous entraîne encore une fois dans des chansons-poèmes, s’accompagnant elle-même à l’aide d’un boucleur qui multiplie sa voix, lui permettant de performer du chant choral à elle seule. Puis, à l’aide de ses sons, elle réécrit son conte de fée. La princesse s’amuse bien avec le dragon dans la tour d’ivoire finalement, surtout quand elle arrive à lui faire enlever ses carapaces. «Femme qui reste n’a plus la frousse que quelqu’un marche sur son jardin», chante la performeuse. La rencontre devient possible, devient espoir de vie.
Les spectacles de salon gagnent en popularité. À Québec, sans parler des Productions Rhizome qui tiennent salon depuis trois ans, on assiste à l’émergence d’un diffuseur nomade multidisciplinaire, JokerJoker, actuellement dans sa deuxième année d’existence. JokerJoker diffuse des spectacles de théâtre et de poésie dans des lieux atypiques, principalement des appartements.
Le Mois de la poésie, pour sa dixième édition, après avoir traversé bien des péripéties depuis l’année dernière, entre dans cette mouvance sous la coordination nouvelle de Jacques Blanchet. «On n’a jamais vu ça, un festival intensif qui passe d’un endroit à l’autre chez des gens», nous confie fièrement Monsieur Blanchet. «Clair de femme» était le 5e spectacle de salon du Mois de la poésie.
Flavie Dufour refera une apparition pendant le Mois de la poésie au sein du collectif Poêle à bois, avec Thomas Langlois, Pascal Larouche et Sylvie Nicolas, un quatuor que l’on connaît notamment dans le monde du slam à Québec, mais aussi du théâtre pour Thomas, de la chanson pour Pascal et de la poésie pour Sylvie. Poêle à bois présentera son «show de danse de poésie» le 25 mars, toujours dans un salon. Pour plus d’informations sur le Mois de la poésie, visitez leur site web.