Par Maximilien Nolet
La Fête est un jeune band bien sympathique formé de musiciens de Québec hyperactifs qui nous offrent des propositions musicales étonnantes : le chanteur Antoine Provencher, que l’on retrouve notamment dans Vague station et Les avalés; Jean-Michel Letendre-Veilleux, qui est derrière « Anatole » et BEAT SEXÜ, entre autres; le batteur Samuel Gougoux, qui investit dans «Portage», son projet solo.
Le petit dernier de La Fête, sorti l’été dernier et intitulé Entropiques, renvoie au concept de la thermodynamique signifiant « transformation », qui sert à définir notamment l’état de désordre d’un système et qui est utilisé comme métaphore pour de nombreux projets artistiques et culturels, comme en fait foi la description de l’album du groupe sur son site Web : « Un clin d’œil à la chaleur de l’été, et à la volonté de déconstruire ses alentours, pour ensuite tenter, sans trop d’énergie, de refaire avec les miettes quelque chose de cohérent. »
Dès les premières notes de l’album, on comprend l’idée d’« entropisme », qui motive la construction des pièces : nous sommes tantôt transportés par les sons oniriques qui se dégagent des guitares et de la voix, très éthérés, tantôt surpris par les structures contrapuntiques bizarres (mélodies ou segments qui se superposent les uns sur les autres) qui se construisent et se déconstruisent.
L’effet recherché, celui d’une marée qui monte et qui descend, est atteint avec beaucoup d’efficacité (voir par exemple la première pièce de l’album, «La pluie»). En ce qui concerne les paroles, nous sommes dans la même thématique, celle de la déconstruction et de l’onirisme : « Je marche à reculons/ J’oublie les ponts brisés en chemin/ Je crache sur les heures passées en amont » (extrait de La foire).
Nous sentons, à l’écoute de ces paroles, la volonté du groupe de les intégrer entièrement à la musique, tant elles se noient dans l’instrumentation, ce qui pourrait constituer l’un des bémols du projet, pour ceux et celles qui aiment comprendre et entendre les paroles. Mais à mon avis, il ne s’agit pas là d’un problème, étant donné qu’on est loin ici de la chanson à texte, du folk, et très près d’une musique de tradition indie (même si le terme, très large, est galvaudé), qui offre souvent des chansons immersives, où mots et musique se mélangent.
En spectacle, le groupe vaut le dé- tour, lui qui s’ingénie à rendre sa proposition, complexe et libre à la fois, de main de maître. Habitués de la scène de Québec, La Fête jouera certainement dans un bar ou une salle de spectacle près de chez vous ce printemps ou cet été.