Lettre ouverte
Nicolas Lavigne Lefebvre, candidat à la mairie pour Option Capitale-Nationale
Quiconque s’est déjà promené sur la rue Saint-Joseph dans le quartier Saint-Roch a eu d’excellentes chances de voir se dérouler cette scène: quelqu’un qui chante, qui parle un peu fort ou dont le look détonne entre la Champagnerie et la boutique Artemano, et qui se fait aborder par des policiers. Le crime? Être perçu comme étant différent, dérangeant et donc menaçant par les autorités répressives de Québec. Le printemps est souvent synonyme de profilage social et de répression policière.
Selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, « Le profilage social est déclenché par les signes visibles de pauvreté ou de marginalité. Pour qu’il y ait profilage social, il suffit que la personne en situation d’autorité assigne une identité d’itinérant à un individu sur la base de signes visibles tels que l’apparence physique, les comportements, l’attitude et la tenue vestimentaire ».
Or, un itinérant, la Ville de Québec ne tolère pas ça. Pourquoi? Il y a plusieurs raisons : parce que « c’est pas bon pour la business », « ça fait peur au monde » et Québec pourrait se voir reléguer à la deuxième place du USA Today dans la catégorie Best destination in Canada. Nous connaissons les priorités du maire et elles ne sont pas favorables aux libertés civiles de tous les gens de Québec.
Dans un récent rapport, la Ligue des droits et libertés dénonce le fait que, contrairement à Montréal, la Ville de Québec ne dispose pas d’un plan d’action visant à contrer les profilages sociaux, raciaux et autres de la part des forces de l’ordre. C’est le phénomène de l’autruche qui opère : à Québec, on n’a pas de problème, tout va bien.
Un autre effet du profilage est l’absence d’un site d’injection supervisé à Québec. Ce site est nécessaire pour réduire les risques de mortalité provoquée par l’administration dangereuse, trop rapide, de doses trop grandes et de qualités variables de drogues injectables dans la solitude. Pourquoi les utilisateurs de drogues par injection (UDI) courent-ils tant de risques? Parce qu’ils sont poussés à la clandestinité par le profilage social et la répression policière.
La mise en place d’un site d’injection supervisé à Québec va favoriser la sécurité des gens, réduire les méfaits et permettra aux intervenants d’entrer en contact et de tisser des liens avec les UDI afin d’être disponibles lorsqu’ils tenteront d’arrêter de consommer. Les villes de Toronto, Seattle et Montréal ont déjà reçu l’autorisation d’ouvrir des sites d’injection supervisée et la Ville de Québec doit emboîter le pas rapidement.
Une nouvelle drogue, le fentanyl fait son entrée à Québec. Le fentanyl est cinquante fois plus puissant que la morphine.Il a provoqué la mort par surdose de milliers de gens au Canada l’an passé et notre ville ne sera pas épargnée. Il est temps d’agir. Mettons en place un site d’injection supervisé et cessons le profilage social.