Le militant, arrêté le 29 août, s’est défendu avec éloquence à la cour municipale de Québec. Sa comparution du 30 août, portait sur sa remise en liberté en attendant son procès pour les accusations d’entrave et de supposition de personne (pour avoir donné comme identité le nom du joueur des Nordiques Michel Goulet). Ces accusations ont été portées contre lui une semaine après la manifestation contre le racisme qui s’est tenue à Québec, le 20 août.
Tout au long de la journée, Jaggi Singh s’est défendu lui-même avec brio, confondant à plusieurs reprises les procureurs sur la preuve. Il milite d’ailleurs depuis des années dans le groupe montréalais Outrage au tribunal, qui développe la défense sans avocat. Le juge a donné raison à Jaggi Singh notamment sur l’illégalité d’exiger des empreintes digitales dans une cour municipale pour une poursuite sommaire de ce genre.
Toute la journée a porté sur la détermination des conditions exigées pour la remise en liberté de Jaggi Singh. La procureure de la Ville de Québec s’opposait à sa libération arguant qu’il représente un danger pour la société, en apportant en preuve un enregistrement vidéo d’une entrevue donnée par le militant à LCN. L’opinion du militant ne semble pas avoir été retenue contre lui.
Les conditions à sa libération
Jaggi Singh a été libéré sous conditions en attendant son procès le 30 novembre. Toutes les conditions à sa libération, demandées par la Couronne représentant la Ville, n’ont pas été acceptées, sauf, comme d’ordinaire dans ce genre d’accusation, une caution de 250$, l’obligation de garder la paix et d’avoir une bonne conduite.
La Ville demandait également que Jaggi Singh soit interdit de séjour à Québec. Le juge Patrice Simard a considéré que cette condition était exagérée, se rendant aux arguments de la défense; il a cependant imposé un quadrilatère comprenant la colline parlementaire, que ne pourra visiter l’accusé jusqu’à son procès. Comme il dit lui-même : «J’ai quand même le droit d’aller à l’hôtel de Ville!».
Une fois libre…
En sortant de la cour municipale, Jaggi Singh s’est adressé aux journalistes affirmant «qu’il ne faut pas laisser un maire décider qui peut être dans une ville.»
Au sujet de l’accusation de supposition de personne, il a tenu à préciser: «Dire que je suis Michel Goulet, c’était une blague… Je n’ai pas sa moustache, ni ses capacités de joueurs. Le hockey, c’est la seule chose dont je peux parler avec la police!»
Il a aussi dénoncé la montée des idées et des groupes d’extrême-droite, affirmant même que «la mentalité des radio-poubelles est maintenant présente à la Couronne.»
Jaggi Singh a dû revenir en cour au début de septembre pour déterminer la date du procès. Encore une fois, la police filtrait les personnes à l’entrée, ne laissant passer que les représentants des médias ce qui, selon les dires d’un policier, est tout à fait exceptionnel. À cette occasion Jaggi Singh avait quelques requêtes à formuler.
Alors que le juge Paulin Cloutier était prêt à se pencher sur la requête de modification des conditions de remise en liberté séance tenante, la procureure Marie-Hélène Guillemette s’y est vertement opposée, renvoyant le militant à la cour supérieure pour cette question…
Vu que le maire Labeaume avait tenu des propos publics injurieux à l’endroit du militant, et qu’un juge de Québec avait émis un mandat d’amener pour des accusations bénignes, Jaggi Singh a déposé une requête de changement de juridiction.
La prochaine audience est fixée au 30 novembre, à 9h, à la cour municipale de Sainte-Foy.