Il faut absolument voir les photographies de Joan Fontcuberta présentées chez Vu. L’artiste Catalan propose trois séries de photographies sur l’altération de l’image par le temps. Ce n’est pas son premier passage à Québec à la feuille de route impressionnante. Son travail a été présenté dans les grands musées de l’art contemporain, au Centre Pompidou à Paris ou au MoMa de New York notamment. L’art de cet artiste n’en est pas moins accessible.

Chez Vu, il propose de très belles photographies où il s’interroge sur le rôle de la lumière et sur la perte de la matière, qu’il identifie au père et à la mère de la photographie.

Les plus étonnantes sont les photographies produites à l’aide du travail d’escargots. Le procédé fait sourire, amuse. Fontcuberta a récupéré des cartons d’invitation qu’il a reçus, annonçant différentes expositions et les a mis à la disposition d’escargots qui les ont grignotés pendant quelques jours. Le résultat, photographié à nouveau, a été tiré sur de grands formats.

Cela donne des œuvres qui questionnent la notion d’auteur, de hasard. Il est aussi question de la pérennité de l’art photographique à l’ère où les images numériques se multiplient. Davantage, la lenteur du travail de l’escargot se joue de la rapidité actuelle de la prise et de la diffusion des images.

On peut même voir quelques escargots à l’œuvre dans un aquarium exposé dans la galerie. Ce travail sera utilisé dans de futures photographies de l’artiste. Les escargots altèrent les cartons pendant les heures d’ouverture de la galerie et sont relogés le soir venu, afin de se nourrir d’autres choses que d’encre. Mais, tel que l’artiste le constate, non sans un brin d’ironie, les escargots «adorent l’expressionnisme abstrait». À moins que ce ne soit lui ?

Centre photographique Vu, 541, côte d’Abraham
De 12h à 17h, du mercredi au dimanche, jusqu’au 15 octobre (Entrée libre)