Avec les élections municipales, on peut se demander pour qui voter. On peut aussi s’interroger sur le sens de la démocratie. Le terme « démocratie » qualifie un régime où les décisions sont prises par la majorité des citoyens. Nous nous trouvons dans un système où nous sommes forcés de nous rendre compte que, malgré la volonté des citoyens de s’impliquer, les décisions importantes continuent à être prises derrière des portes closes. À preuve, au palier municipal, la fermeture récente de la clinique sans rendez- vous Saint-Vallier et la démolition encore plus récente de l’ancien édifice du Centre Durocher restent dans les mémoires des citoyens. Le mot «démocratie » se vide de son sens par ce genre de décisions unilatérales.
Pourquoi le « pouvoir du peuple » est-il aussi difficile à respecter ? Selon la structure de notre gouvernement, les décisions sont prises non par le peuple lui-même, mais bien par ses représentants élus. Là se situe la faille. À partir du moment où les représentants élus ne considèrent plus les intérêts de ceux qui les ont élus et s’attachent plutôt à des intérêts financiers, ils quittent la sphère de la démocratie. La solution consisterait à bien choisir nos représentants. C’est sur cette idée que se construisent les campagnes qui présentent des points de vue alternatifs, basés sur le respect de l’environnement et le bien-être des citoyens. Comment expliquer que, bien que plusieurs candidats fassent preuve de bonne volonté, on se retrouve avec des Régis Labeaume au pouvoir?
On peut accuser les auditeurs de radios poubelles. Ils y sont certainement pour quelque chose. Les animateurs aussi. Mais les auditeurs comme les animateurs ne sont-ils pas des citoyens ? Ne font-ils pas partie du peuple ? Si la démocratie est le pouvoir du peuple, la question de savoir qui fait partie du peuple et qui n’en fait pas partie est la clé. Pour les Grecs anciens, le peuple, c’était les hommes nés Grecs. Pas les femmes, pas les esclaves, pas les étrangers. Cette façon de voir n’est pas si lointaine. Au Québec, le droit de vote des femmes demeure très récent.
Une femme née en 1940, l’année où les Québécoises blanches ont pu aller aux urnes, a aujourd’hui 77 ans. Les femmes autochtones ont dû attendre encore 20 ans. On ne recule pas de 2500 ans dans le passé! Nous ne sommes pas si différents des Grecs anciens dans notre exclusion de groupes sociaux de l’ensemble que forme le peuple.
Il y a 78 ans, les femmes ne faisaient pas partie du peuple au Québec. Le peuple, c’est ceux qui ont le droit de décider. Difficile d’imaginer que, au début du XIXe siècle, seuls les propriétaires avaient le droit de vote aux élections municipales, pas les locataires. A cette époque, le peuple était donc constitué des propriétaires masculins ! La question « Qui décide ? » flottera au-dessus des urnes le 5 novembre prochain, car le droit de vote a une valeur uniquement quand on se sent impliqué dans les prises de décisions collectives.