Lettre ouverte: Ann Gingras interpelle Trudeau sur l’avenir des travailleurs de la Davie

Publié le 15 novembre 2017

Une menace imminente de chômage pèse sur plus de 800 travailleuses et travailleurs de la région. En effet, faute d’annonce du gouvernement canadien, la direction de la Davie devra procéder à des mises à pied dès la livraison de l’Astérix prévue aux alentours du 24 novembre. Alors même que le Sénat, le Comité de défense du parlement et la Marine royale canadienne s’accordent sur l’importance de faire construire un second navire de soutien militaire de la classe Resolve et qu’une résolution unanime, tous partis confondus, fut votée par l’Assemblée nationale en appui au chantier naval à Lévis, les décisions d’Ottawa se font toujours attendre. Le risque est grand de voir se disperser l’expertise acquise par le chantier naval qui en a construit le premier.

Les retombées économiques engendrées par le chantier de la Davie sont évaluées à 2,7 milliards de dollars avec plus de 3 000 emplois qui y sont liés directement ou indirectement. C’est non seulement important pour les travailleuses et les travailleurs de la Davie, mais aussi pour l’économie de toute la région.

Rappelons que le gouvernement fédéral, sous les conservateurs, a privilégié pendant 9 ans les deux chantiers maritimes du Canada anglais avec des contrats de plus de 33 milliards de dollars, et ce, au détriment du chantier de la Davie, à Lévis. Les contrats sont tellement nombreux chez les concurrents de la Davie qu’ils causent même des conflits de planification et de nombreux retards de livraison. Par exemple, le brise-glace Diefenbaker, commandé à Seaspan, sera livré avec au minimum 5 ans de retard au double du prix. De plus, en 2015, certains contrats de construction de navires ont même été cédés en sous-traitance à des chantiers turcs et roumains par Seaspan situé à Vancouver et Irving situé à Halifax. C’est une honte alors que notre monde ici, des contribuables, des citoyennes et citoyens, peinent à travailler.

Avec la livraison de l’Astérix, les gens qui travaillent à la Davie ont prouvé, une fois de plus, qu’ils étaient capables de livrer un produit de haute qualité dans les délais et sans dépassements de coûts. Pourtant, l’avenir des emplois de la Davie demeure incertain. C’est révoltant !

Monsieur le premier ministre, après le Cecon Pride, après l’Astérix, après avoir emporté le titre du meilleur chantier naval en Amérique du Nord, pendant encore combien de temps le chantier Davie devra-t-il faire ses preuves ? Il n’y a aucune raison que le Québec ne reçoive pas sa juste part des contrats fédéraux. Vous devez corriger cette injustice historique envers ce chantier québécois.

Le temps presse, il est minuit moins une pour la Davie, Monsieur Trudeau. Ne laissez pas ces gens sans emploi, sans espoir et ne laissez pas l’expertise acquise s’envoler. Tout comme les salarié.es des chantiers navals de Vancouver et d’Halifax, les travailleuses et les travailleurs de la Davie ont, eux aussi, le droit de travailler en toute fierté et dignité !

Par Ann Gingras, présidente

Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)

 

 

 

 

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