L’omniprésence des transports motorisés dans nos sociétés nous a imposé une telle « culture de la mobilité motorisée » qu’il est tentant de considérer ces multiples machines comme une nouvelle génération de dinosaures énergivores et polluants. Ces monstres modernes qui saturent l’air de nos métropoles et participent à la déstabilisation du climat seraient-ils devenus une nouvelle espèce hégémonique, non pas herbivore ou carnivore, mais objectivement «airvore» ?
Les discours convenus se veulent rassurants : en matière de consommation de carburants et d’émissions polluantes, les voitures neuves seraient de plus en plus efficientes, les trains devenus parfaitement propres grâce à leur électrification, les navires, toujours aussi discrets malgré leur gigantisme, et les dernières générations d’avions, plus sobres que jamais.
Pourtant, on ne cesse d’enregistrer des pics de pollution et de lancer des alertes sanitaires dans de nombreuses zones urbanisées qui n’en finissent plus de suffoquer. Comment se fait-il que, considérés un à un, les moyens de transport semblent exceller, alors que, pris dans leur ensemble, ils échouent à réduire la pollution urbaine et les émissions de gaz à effet de serre ?
Quel sera le destin de ces machines « airvores » ? Vont-elles finir par disparaître d’elles-mêmes à la suite d’une gigantesque panne sèche ou bien s’éteindre dans un « airpocalypse » surchauffé ? Est-il encore temps d’agir pour les dompter ? Dans une enquête historique et sociologique inédite et minutieuse, Laurent Castaignède retrace l’épopée de leur irrésistible ascension et expose leurs impacts environnementaux et sociaux. L’expansion du parc motorisé ne donnant aucun signe d’essoufflement, l’auteur passe au crible les innovations en vogue pour en faire ressortir les limites. Il propose aussi un ensemble de mesures radicales mais pragmatiques qui permettraient de relever le double défi sanitaire et climatique.