Le pâté chinois serait discriminatoire, selon Boucar Diouf, humoriste… sérieux! Cela fait réfléchir.
Tout comme m’a fait réfléchir le texte de Gilles Simard paru dans vos pages, vous savez, celui où il nous invitait à « sortir le débat des chapelles idéologiques (…) l’enlever des mains des champions autoproclamés de la vérité unique (…) ». Ces mots publiés dans votre Droit de parole m’ont chamboulée parce que je suis une personne friande de points d’interrogation, de points de suspension, de points d’exclamation mais presque jamais de points … tout nus.
Des milliards de mots ont été déversés depuis la tragédie survenue dans votre ville en janvier 2017. Par exemple, devrait-on, oui ou non, diffuser les images du drame à la télévision? Une nuit, j’avais l’oreille tendue vers ma radio. Au beau milieu d’une tribune téléphonique, une voix féminine surgit et demanda : « combien de fois avons-nous vu les images de la mort de Kennedy? » Quant à celui qui a répandu tout ce sang, après avoir visionné de biens étranges vidéos, devrait-on croire à ses regrets?
Et il y Ève Torrès, la candidate de Québec Solidaire, celle qui porte fièrement le voile. Et nous, dans la métropole des cônes orange fluo, on s’est interrogés à savoir si un hijab pouvait se coordonner avec l’uniforme de forces policières, brutales ou pas.
Puis je songe à Salim Kerdougli, ce monsieur qui a porté plainte contre la firme La vie en rose parce qu’on s’était informé, en cours d’entrevue d’embauche, quant à l’origine de son nom.
Dans ma tête, se pointe le 14 février dernier. Lors d’une discussion sur le racisme, tenue dans un centre de femmes montréalais, j’avais affirmé que, de temps en temps, il m’arrivait de demander, avec un sourire Colgate, à des gens de quel endroit ils étaient originaires. Cette question n’avait comme but que de me renseigner sur leur culture. En effet, à part le pays gouverné par le célèbre « agent orange » de l’autre côté de la clôture, que sait-on du reste de la planète? Se connaître, voilà qui me semble pourtant essentiel au Vivre ensemble…
Eh bien, mon commentaire a soulevé des réactions qui n’étaient pas très tendres en cette journée de Saint-Valentin. Ces froncements de sourcils provenaient surtout de femmes qui se disaient racisées, terme avec lequel j’ai déclaré être fort mal à l’aise. Une fois encore, ma position a dérangé certaines personnes.
Quelques jours plus tard, j’ai rédigé un long courriel à Martine, celle qui avait animé cette causerie. Je lui avouais, entre autres, qu’après avoir lu en entier le document produit par la Ligue des droits et Libertés, « Le racisme systémique… Parlons-en! », j’optais toujours pour « personne issue de minorité culturelle » plutôt que « personne racisée ».
J’admets sans problème que certaines personnes dans notre entourage sont bel et bien victimes de racisme. Pourtant, cela ne devrait pas être puisque, comme l’explique la brochure déjà mentionnée, « la notion de race ne correspond à aucune réalité biologique. » Par contre, je refuse de réduire un être humain à un statut de victime. Est-ce que moi, en tant que femme, j’accepterais d’être désignée par le vocable de personne misogynisée ? Non ! Est-ce que les gens qui se reconnaissent dans la communauté LGBTQ aimeraient se faire traiter de personnes homophobisées ? J’en doute !
Est-ce que je suis d’accord avec une commission sur le racisme systémique ? Oui. Je crois que nos modes de fonctionnement font en sorte que des gens sont rejetés simplement en raison de la couleur de leur peau.
Posée près de moi, il y a le visage de Mme Mireille Knoll, 85 ans. Votre Soleil du 28 mars en a parlé de cette vieille dame juive « dont le corps a été lardé de coups de couteau dans son appartement parisien incendié ». De plus, on soulignait qu’en France « le nombre d’actes antisémites reste à un niveau élevé ». Au pays de la feuille d’érable aussi, l’antisémitisme n’est pas mort. Je n’oublie pas non plus que plusieurs chrétiens sont massacrés, notamment en Égypte et en Syrie, dans une indifférence quasi totale. Voilà la raison pour laquelle je choisis « Journée nationale de la solidarité avec les victimes d’actes d’intolérance et de violence antireligieuses » plutôt que « Journée contre l’islamophobie ». L’inclusivité m’attire davantage.
Ouais, autour des fleurs de lys, poussent des sujets de discussion aussi difficiles à saisir que les p’tits cochons graisseux de Sainte-Perpétue.
Ah oui, un peu plus, j’omettais de vous révéler pourquoi le célèbre Sénégalais le trouvait discriminatoire notre fameux pâté chinois, c’est que le « blanc est en-haut, le jaune au milieu et le noir en-bas … »
PS: J’adore le Vieux-Québec et j’y séjourne environ 10 jours par année. À chaque fois, je m’empare de votre Droit de parole.
Pas Mal la blague du pate chinois Monsieur