Le Comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), par la mise en œuvre d’un vaste plan de mobilité durable, et le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, en occupant à l’heure de pointe une rue envahie par le transit, se lancent simultanément — mais par des moyens différents — dans une offensive pour apaiser la circulation dans les rues résidentielles du centre-ville.
Le CCCQSS a convoqué la presse le 30 avril dernier pour donner le coup d’envoi à la réalisation de son plan de mobilité durable dont l’élaboration a déjà nécessité plusieurs années de travail. Sa mise en œuvre comprend cinq projets prioritaires :
– Créer une promenade rue Saint-Vallier ouest devant le parc Durocher avec resserrement de la rue, traverses piétonnes, terrasses et verdure sur rue.
– Transformer la rue Victoria en corridor scolaire et rue partagée piétons/autos/vélos avec un maximum de 20 km/h pour les autos.
– Rendre l’intersection Langelier – Charest – Saint-Vallier plus sécuritaire pour les piétons et en faire une entrée digne d’un quartier habité.
– Verdir plusieurs rues du quartier dont la rue Hermine.
– Limiter la vitesse maximum à 30 km/h sur toutes les rues résidentielles du quartier.
S’ajoute à ces projets la mise en place de nouvelles pistes cyclables et la volonté d’apaiser la circulation de transit sur l’ensemble du territoire.
Le Com pop Saint-Jean-Baptiste, dont les objectifs ressemblent beaucoup à ceux du CCQSS, y est allé quant à lui d’une « action dérangeante » par une occupation festive de la rue Lavigueur.
Faut dire que la semaine, à partir de 15h30, les rues Sainte-Marie et Lavigueur servent de raccourcis aux banlieusards pour se rendre en Basse-Ville et les rues étroites du quartier deviennent alors de mini autoroutes. Les résidants qui veulent respirer sont confinés à leurs arrière-cours – pour ceux qui en ont encore – et doivent attendre 18h avant de se déplacer dans le calme pour faire leurs emplettes rue Saint-Jean. Quant aux enfants qui veulent jouer dehors après l’école, ils le font au risque de leur vie.
Il s’agit donc d’une initiative qui vise à encourager les résidants à reprendre en main ce qui leur appartient, les rues de leur propre quartier et de les transformer graduellement en rues conviviales et partagées. La ville a déjà transformé (grâce aux pressions du Com pop) la rue Sainte-Claire en rue partagée mais, si on se fie à la célérité avec laquelle la ville a agi dans ce dossier, ça va prendre 300 ans avant que le faubourg Saint-Jean dans son ensemble devienne un lieu de partage autos-piétons-vélos. D’où l’importance d’une action dérangeante pour faire bouger les choses.
Ces actions annoncent-ils un changement d’attitude de la part des citoyens et des piétons du centre-ville, trop longtemps passifs face à l’envahissement automobile? Il faut l’espérer. La ville de Québec est complètement dépendante et aliénée face à l’automobile. Elle est la ville qui a le plus grand nombre de kilomètres d’autoroute par tête d’habitants (20 km d’autoroute par 100 000 habitants alors que la moyenne en Amérique du Nord ne dépasse pas 10 km par 100 000 habitants). Québec est en retard par rapport à plusieurs autres villes du monde quant aux restrictions à apporter contre l’usage immodéré de l’auto dans le centre-ville.
Et qu’est-ce que nous serinent ces jours-ci certains de nos politiciens rétrogrades : l’importance d’un 3e lien vers la rive sud qui, bien qu’il ajouterait plusieurs kilomètres d’autoroutes à notre palmarès déjà bien garni, aurait selon eux des effets bénéfiques sur notre environnement (dixit François Legault). C’est comme se faire dire par un boxeur dans les pommes qu’il n’y a rien de mieux pour le cerveau que de recevoir une bonne claque sur la gueule.