Sur le front écologique, 1972 fut une année charnière à plus d’un titre. Année de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain (CNUEH) à Stockholm — premier véritable rendez-vous international à caractère environnemental —, c’est aussi celle de la parution du premier rapport d’importance sur les dangers d’une croissance économique soutenue dans un monde fini.
Intitulée Halte à la croissance ? Rapport sur les limites à la croissance, cette étude de quatre jeunes scientifiques du MIT mandatés par le Club de Rome demeure aujourd’hui l’une des plus puissantes critiques du consensus sur la sacro-sainte croissance économique. Sa parution est reconnue comme l’un des moments clés de l’histoire du mouvement écologiste.
Si plusieurs doutaient à l’époque des conclusions du rapport Meadows — du nom de ses auteurs principaux —, le temps a su leur donner raison. Dans cette dernière mise à jour parue en 2004, le raisonnement des auteurs garde toute sa pertinence, au vu de l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels. En simulant les interactions entre croissance démographique, croissance industrielle, production alimentaire et limite des écosystèmes, les chercheurs élaborent différentes trajectoires possibles pour notre civilisation. Ils concluent que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement sous nos yeux.
Car après trois décennies d’expansion économique débridée, le problème n’est plus de savoir comment éviter d’excéder les limites de la planète, mais bien comment faire pour revenir à l’intérieur de ces limites.