Depuis quelques années, et en particulier dans la dernière année et demie, les personnes en situation de handicap, leurs proches et plusieurs groupes qui les représentent tentent d’attirer l’attention des élu-e-s et des dirigeant-e-s du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) sur l’urgence de répondre aux besoins.
Après avoir subi de plein fouet les compressions et réorganisations du trio Couillard-Barrette-Leitao, nous avions espéré que le budget électoraliste du printemps 2018 allait s’attaquer, du moins en partie, au problème important de l’accès aux services et aux interminables listes d’attente dans les programmes et services du RSSS. Finalement, quelques annonces timides à être investies dans un prochain mandat se sont diluées dans la cacophonie de la campagne électorale et ses engagements à l’emporte-pièce, ces derniers se concentrant surtout sur la santé curative avec ses hôpitaux, ses urgences et ses médecins.
Le gouvernement de la CAQ est en poste depuis plusieurs mois et, à quelques semaines de son important premier budget, nous n’avons aucune idée des orientations qu’il prendra en matière de santé, et particulièrement en ce qui à trait aux services sociaux. Oui, les services sociaux, car pour les personnes en situation de handicap et leurs familles, le soutien à domicile, le soutien aux familles, les services de réadaptation, l’hébergement spécialisé et les activités socio-professionnelles d’intégration sont l’essentiel des programmes qui leur permettent de surmonter leurs limitations et d’avoir une participation sociale active.
À l’heure actuelle, nous ne savons toujours pas qui de Danielle McCann ou de Lionel Carmant est la ou le ministre responsable pour chacun de ces programmes… D’ailleurs, dans ce climat de confusion au ministère, il nous a été impossible d’obtenir une rencontre avec l’une ou l’autre afin de plaider l’urgence de réinvestir dans ces services, qui ont été ignorés ou malmenés dans les dernières années.
Les promesses de la CAQ en campagne électorale étaient très ciblées, et son gouvernement semble vouloir appliquer la même recette, sans vue d’ensemble ni plan d’action à long terme, ni budget conséquent. Pour illustrer cette approche morcelée, on peut penser à la principale annonce du ministre Carmant, à savoir un programme de dépistage précoce pour l’ensemble des enfants de moins de cinq ans. L’idée est intéressante, mais elle se heurte à la nécessité d’engager des centaines de professionnel-le-s dans les réseaux de la santé et de l’éducation, ces derniers-ère-s étant déjà en déficit important pour répondre à la demande des programmes existants!
Notre appréhension se double d’une inquiétude lorsque nous entendons le message « préventif » de plusieurs membres du cabinet nous répétant que les milliards de surplus accumulés ne serviront pas à réinvestir dans les services publics et les programmes sociaux, et que du même souffle, on demande aux ministères d’effectuer des compressions de près d’un milliard en vue de réaliser certaines promesses!
De notre côté, le message est que la priorité du prochain budget devrait être de répondre aux besoins des personnes et des familles qui ont souffert, et qui souffrent toujours, du manque de services essentiels auxquels ils ont droit et dont ils sont privés. Notre promesse est que nous serons toujours là pour talonner les gouvernements et pour réclamer égalité et dignité!