Ce patrimoine et ces normes qui dérangent les promoteurs…

Par Édith Coulombe
Publié le 1 avril 2019
Dessin: Charles-Édouard Beaulieu

On apprenait avec soulagement la semaine dernière, que les maisons Petry-Amyot et Mountaine- Kirouac, situées sur le chemin Sainte-Foy et dont la stature exceptionnelle fait l’admiration de ceux qui apprécient notre patrimoine centenaire, ont trouvé preneurs pour les restaurer et leur redonner vie. En effet, les architectes Louis et Pierre Martin proposent de remettre à neuf ces deux demeures…. à condition que….la Ville leur permette aussi d’ériger 90 condos juste derrière, s’élevant au-delà de 13 mètres, semble-t-il. Faudra-t-il une dérogation municipale pour qu’ils concrétisent leur projet ?

Il y a plusieurs années que l’église Saint-Cœur de Marie sur Grande Allée est vendue. Son propriétaire la laisse évidemment à l’abandon. Aucune visite à l’intérieur n’est nécessaire pour le constater. Non, il attend patiemment… que la Ville lui accorde le permis pour monter une tour d’habitation de 15 étages, selon les derniers articles qu’on lisait, faute de pouvoir récupérer l’église elle-même. La patience habite les promoteurs, pour s’élever au-dessus des normes. « Toujours plus haut » semble être la devise de certains promoteurs, sans considérer tous les aspects des gens et des milieux. Le quartier Saint-Jean-Baptiste peut se targuer d’avoir fait reculer la Ville, concernant l’Ilôt Irving. Les référendums municipaux sont ensuite devenus trop gênants pour les promoteurs et l’Élu les a fait disparaître.

Le parallèle fait récemment entre Le Phare et la construction du Complexe G, appelé ainsi il y a 50 ans, tient la route. Un projet grandiose, jeté dans un quartier à l’architecture homogène, pour que ce béton mette Québec sur la « mappe mondiale ». Cette fois-là sans l’accord des élus municipaux, qui n’ont pu que protester. Mais rien n’a arrêté la machine du progrès du Gouvernement à cette époque. Avons-nous besoin de ces projets utopiques pour être sur la carte ? Quelle en est cette nécessité, au détriment de ceux qui vivent à Québec…

Fréquenter la bibliothèque Gabrielle-Roy exige de la résistance aux vents désormais dominants, depuis l’érection de la tour Fresk qui la borde… Était-ce la meilleure solution pour ce secteur ? Pourtant, pas loin de là, l’église Saint-Joseph a été remplacée par des logements de trois étages, pour répondre aux besoins des résidents, pour s’harmoniser avec la trame urbaine du quartier Saint-Sauveur. Tout comme le Kaméléon, coin Langelier et Charest. Dans Limoilou sur la 3ème Avenue, un autre immeuble de trois étages sera bientôt terminé. Il est simple, ne défigure pas l’horizon architectural, tous s’en portent bien. On y a respecté les normes… C’est jouer à l’autruche que d’acheter des sites et des maisons, en connaissant parfaitement les règlements municipaux quant au développement possible. Alors que les citoyens sont assujettis aussi aux règlements et doivent les respecter, avec de possibles amendes, pourquoi ces entrepreneurs se croient-ils toujours au-dessus des lois sans pénalité ?

On met la main sur le patrimoine bâti en promettant de le protéger…mais on exige des exceptions. Quelles sont les options restantes pour ceux aspirent au respect des normes de quartier ? Quand on a l’impression que les dés sont joués d’avance, faut-il tous être un ami personnel des élus ?

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