Fin 2019, l’agglomération de Québec adoptait, pour la troisième fois, un Schéma d’aménagement et de développement révisé. L’approbation du gouvernement québécois conclura bientôt un processus amorcé en 2016.
Que retenir de cette démarche chargée de controverse? Quelles sont les perspectives maintenant que s’annonce une réforme de l’aménagement?
Une démarche tumultueuse
L’enjeu: le projet d’agrandissement du périmètre d’urbanisation sur 567 hectares en zone agricole, dont 204 chez les Sœurs de la Charité.
Jusqu’en décembre, l’agglomération a maintenu son intention. Sur demande du gouvernement, elle avait néanmoins dû corriger entretemps sa méthode d’estimation des prévisions, ramenant l’échéance de 2041 à 2036 et les projections de 62 000 à… 28 000 nouveaux ménages. Nuance importante.
Mais, pour justifier l’agrandissement, le potentiel d’accueil actuel a été trois fois réévalué à la baisse. Et la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) est venue en renfort, jugeant le schéma conforme à son Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), même si plusieurs orientations majeures n’y figurent guère. Pas étonnant : l’agglomération est majoritaire au conseil de la CMQ, que le maire de Québec préside.
Citoyens et organisations se sont exprimés : deux fois en consultation publique plus diverses interventions, dont un sondage. Des dizaines de mémoires ont révélé une forte opposition à l’agrandissement du périmètre; beaucoup ont réclamé une valorisation des terres agricoles. Même les spécialistes de l’immobilier et de la construction (l’Institut de développement urbain et l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation) ont réprouvé l’approche de l’agglomération.
Enfin, le gouvernement québécois encadre la planification municipale via la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et des orientations spécifiques. En 2016, il avait sévèrement critiqué l’ébauche du Schéma. En 2018, il a rejeté une version finale non conforme à ces orientations (consolidation urbaine, préservation de la zone agricole); autre rejet en novembre 2019.
Le schéma adopté en décembre est enfin conforme aux orientations gouvernementales. Les élus.es seraient résignés.es ? Le nouveau schéma énonce: «Pour répondre à la demande de logements, principalement pour les jeunes familles, l’agglomération de Québec pourrait devoir agrandir le périmètre d’urbanisation ». Et son plan d’action prévoit des demandes d’exclusion de la zone agricole d’ici deux à cinq ans.
En résumé, l’avis gouvernemental de novembre affirmait: pas d’agrandissement du périmètre d’urbanisation en zone agricole sans l’autorisation d’un « dézonage » pleinement justifié. Les élus espèrent encore convaincre la Commission de protection du territoire agricole que l’agrandissement est nécessaire pour accueillir la croissance démographique. Ensuite, une modification du schéma…
Mais les données du schéma laissent sceptiques : pour la période 2016-2036, sans même toucher aux terres agricoles, la capacité d’accueil existante est déjà largement excédentaire quant aux appartements et condos. Pour les maisons et duplex, le déficit estimé est de seulement soixante unités, soit trois par année !
La question de l’agrandissement de ce périmètre ne se pose donc vraiment pas.
Les derniers travaux de l’Institut de la Statistique du Québec ont amené le directeur général du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale, Alexandre Turgeon, à déclarer que le vieillissement de la population annonce un changement dans les besoins résidentiels et que les villes de la région «surévaluent» la demande de logements (François Bourque, Le Soleil, 18 janvier 2020).
Les enjeux climatiques nous interpellent chaque jour avec davantage d’acuité. Le futur tramway doit favoriser consolidation et densification en douceur. Des projets de requalification de quartiers émergent, comme Fleur-de-Lys, soulevant un sérieux intérêt.
Il faut « construire la ville sur elle-même», recommandent Vivre en Ville et l’Institut de développement urbain. Et le Schéma n’est-il pas conforme au PMAD, lequel préconise également cette approche?
L’étalement urbain
Le débat sur l’étalement urbain au Québec atteint un point culminant. Interviewée dans Le Soleil du 1er février, la ministre des Affaires municipales indique son intention d’enclencher une démarche pour réformer les règles d’aménagement. Saluons ce courage et souhaitons à madame Laforest un appui indéfectible du premier ministre Legault pour affronter la tempête.
Ajoutons que la demande pour des aliments locaux s’amplifie. Jardins individuels et partagés, bacs et production sur les toits, cela ne suffira pas. La Ville de Québec soumettra bientôt en consultation publique un plan d’action pour l’agriculture urbaine qui, curieusement, ignorerait la zone agricole. C’est pourtant là le plein potentiel pour une production nourricière de proximité; ce garde-manger peut contribuer à protéger la population contre les aléas climatiques et leurs effets économiques.
Le PMAD prône l’adoption de mesures pour soutenir les activités agricoles. Un fait intéressant : sans même avoir une zone agricole, l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, à Montréal, compte néanmoins, à lui seul, dix hectares en culture et prévoit tripler cette superficie d’ici 2030!
Repenser l’urbanisation, revoir l’aménagement du territoire, soutenir les activités agricoles : voilà de beaux défis pour élus et citoyens… Le maire Labeaume ne devrait-il pas reconsidérer ses positions?
Pour pouvoir payer les services municipaux, déneigement, bibliothèque, tramway ( j’aime mieux le métro), déchet, ça prend des citoyens en masse, avant de tuer nos terres agricoles, construisons maintenant en 10 étages partout même par dessus un Tim Horton, la méthode est connu depuis longtemps en Europe. Ainsi il y aura assez de logement pour les résidents, les maisons de touriste, et des loyers à prix modique, juste un petit règlement 10 étages toujours, pas moins.