Voilà un peu plus d’une semaine que la situation d’urgence au Québec a été décrétée par M. Legault. Cela m’apparaît comme une éternité tant l’ambiance sociale, médiatique et politique est angoissante.
Ce matin, en épluchant et en triant le flux abondant de bouillie médiatique nationale et internationale, j’accroche sur un article dans The Guardian. Alors que la Californie achève son premier jour de confinement, un de ses maires, Michael Tubbs, lance un Think big à M. Trump, faisant référence au revenu universel.
Je l’attendais avec impatience, le moment où nos politiciens pro-interventionniste allaient enfin remettre ce grand enjeu du 21e siècle sur la table. Le revenu universel ne peut être que plus d’actualité en ces temps difficiles où encore une fois, les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées de la population sont les premières à subir les conséquences de la pandémie.
Pour ceux qui ne sont pas familier avec le revenu universel, il consiste en un revenu versé à tous dès leur naissance jusqu’à leur mort. Ce revenu est inconditionnel, individuel et aucune preuve n’a à être fournie pour en justifier son application. Utopique, non ?
Il est impératif et primordial de ralentir la croissance mondiale. Nous devons envisager une décroissance de nos moyens de production, sans quoi, c’est l’espèce humaine qui s’en verra anéantie.
La pandémie n’est que le début de la fin si rien n’est fait.
La détérioration de la qualité de l’air, les mauvaises conditions d’hygiène et de salubrité des populations les plus pauvres qui vivent entassés et sans ressources, ces bidonvilles immenses qui couvrent une partie de notre planète, tout ça pour justifier une croissance absolue et sans limite.
Que se passera-t-il lorsque ce virus frappera les pays du sud qui subissent déjà les conséquences du système capitaliste, incompatible avec l’idée d’égalité creusant toujours et encore plus un écart immense entre pays riches et pauvres.
Ces pays, qui fournissent leurs matières premières à des prix bon marché, permettant à ce système d’étendre davantage et toujours plus loin les barreaux de sa cage de fer, subiront des conséquences exponentielles par rapport à nous.
S’il est facile de se laver les mains vingt fois par jour, pour d’autres, il n’est déjà pas évident de boire suffisamment d’eau au quotidien. Ce système rend légitime toutes les formes d’inégalités et d’injustices, tant au niveau national que global. Sa justification : la croissance.
À mon tour, comme Michael Tubbs l’a dit à M.Trump, je lance le défi à M. Legault : Vous avez fait preuve d’un leadership exceptionnel. Vous avez fini par écouter les experts qui annonçaient la pandémie et qui disaient que l’on devait se préparer au pire. Je vous invite à faire de même pour la suite des choses. Écoutez les experts qui disent qu’il est primordial d’atteindre un objectif de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050. Écoutez les experts qui disent que le troisième lien, c’est une mauvaise idée et une catastrophe annoncée.
Écoutez les jeunes qui vous demandent depuis le début de votre mandat de faire des actions immédiates et radicales pour notre planète. Dans les deux cas, des vies sont en jeu, M. Legault. Le Québec a les moyens et les ressources pour une transition écologique et sociale plus juste. Ne manque plus que cesse l’inaction de nos décideurs politiques.
La décroissance n’est plus une option : elle doit s’inscrire dans un nouveau modèle que nous devons écrire tous ensemble dès aujourd’hui. Laissons de côté les vieux clivages qui nous empêchent d’avancer (villes/banlieues, jeunes/boomers, droite/gauche, voitures/transports actifs). Unissons-nous et travaillons activement à la construction d’une société plus juste.
Le revenu universel doit être considéré dans l’élaboration de ce nouveau système. La pandémie prouve l’importance d’un état interventionniste. Les premières personnes à subir les contre-coups de cette suspension de l’activité économique sont les plus démunies. Il semble, M. Legault, que cette pandémie aura fait gonfler votre cote de popularité auprès des Québécoises et Québécois, et je vous en félicite, beau travail. Maintenant, ne nous décevez pas.