Lorsque le sang carat bleuit
Du sang des autres l’eau rougit
À la démolition d’une église
Les trésors cachés au cœur de la nef
Se dispersent dans les rues
Et les parfums purs des encensoirs
S’épuisent vers les quartiers
Aux lumières tamisées tandis que le vin
Des vitraux aux couleurs feutrées
Qui s’écoule des absides en ruines
S’échappe du temple
De la joie animale de notre jeunesse
Et inonde les parcs à venir
De la ville où des femmes studieuses
Et des garçons insoumis
Répandent leur constance
Au versant nord des dernières pierres
Des parvis abandonnés
Intolérance explosive des cellules séminales
Au ban du lieu le cancer devient signe de vie
Les rues enflammées d’essence empoisonneuse
Et sonores du rire des liquidateurs
Des promoteurs et des prébendiers du port
Deviennent après l’abandon d’une église
Des couloirs sacrés où la relève militante
Des croyants qui attendent
Des incroyants qui agissent
Des errants et des désœuvrés
Des bardes et des enragés
Des postulantes urbaines
Où les poètes ces cols bleus de la nuit
Témoignent à leur humble passage
Rues Couillard Saint-Gabriel Carillon
Notre-Dame-des Anges ou d’Assise
De la nouvelle consécration
De tous ces univers clos et désolés
Que voile pour un temps le rideau des façades
Derrière lesquelles les vaincus et les vivants
Épandent le ferment de la révolte