Des citoyennes ont accroché des bannières dans plusieurs quartiers de la ville de Québec pour dénoncer les conséquences du couvre-feu.
« Les personnes qui ont pensé à ça, elles sont visiblement libres de leur temps, elles n’ont pas d’impératifs en soirée, pas d’épicerie à faire, pas de longs trajets d’autobus pour s’y rendre, elles ne vivent pas dans des petits appartements bondés » écrivent-elles dans un communiqué publié ce 15 janvier.
Les organisatrices rappellent qu’elles ont toujours respecté les mesures sanitaires parce qu’elles comprennent l’importance de protéger les personnes les plus à risque. Cependant, selon elles, le couvre-feu, ça n’a aucun sens: « On a le droit de sortir après 20h pour promener son chien, mais pas pour endormir son bébé en crise, ou parce que ça nous permet de maintenir notre équilibre mental ? »
Elles dénoncent la peur et le stress induits par cette mesure, rappelant que même quand on a l’autorisation de circuler pendant le couvre-feu, « la perspective d’un contrôle policier peut être anxiogène, particulièrement pour les personnes à risque de profilage ».
Par cette action, les citoyennes demandent au gouvernement de « mettre en place des mesures sanitaires et solidaires qui redonnent du pouvoir à la population, en particulier aux personnes marginalisées ou exclues, qui respectent les droits et libertés et qui suscitent l’adhésion parce qu’elles sont fondées sur des pratiques probantes en santé publique ».
Elles demandent « des mesures sanitaires et solidaires dont l’efficacité est démontrée, plutôt que des mesures policières dont les conséquences pour les femmes et les personnes marginalisées sont disproportionnées. »
La situation est aussi inquiétante pour les femmes victimes de violence : « Les femmes qui ne sont pas encore rendues à quitter leur domicile pour aller chercher de l’aide, elles doivent pouvoir sortir quand elles en ont besoin « . Plus généralement, le poids du télétravail et des obligations familiales sur la population est tel que la santé mentale et physique de nombreuses personnes dépend d’un libre accès à l’espace public extérieur. Les personnes qui ne bénéficient pas d’un horaire de travail flexible feront aussi les frais de l’achalandage dans les commerces essentiels aux heures de pointe, une source de stress supplémentaire dans leur quotidien.
Elles rappellent que « L’impact du couvre-feu est disproportionné entre les personnes qui peuvent profiter d’une cour ou d’un balcon et les autres qui n’ont aucun accès privé à l’extérieur. Les organismes de soutien aux locataires et aux personnes itinérantes ont d’ailleurs dénoncé les conséquences catastrophiques du couvre-feu pour les personnes mal logées ou sans abri. »
Pour ces citoyennes, « l’imposition du couvre-feu, alors que certains milieux de travail demeurent ouverts à la discrétion des entreprises, est un choix politique motivé par des considérations économiques et politiques.(…) Le couvre-feu porte gravement atteinte aux droits et libertés fondamentales, en plus de fragiliser la situation des plus vulnérables. Elles rappellent que le couvre-feu, qui se traduit par une augmentation du contrôle social par la police, n’est pas justifié par des fondements scientifiques, comme le reconnaissait le Dr Arruda lui-même le 6 janvier dernier. »