Covid-19 et itinérance

Par W. Stuart Edward
Publié le 25 janvier 2021
Entraide dans Saint-Sauveur.  Photo: DDP

Nos politiciens semblent donner un appui indéfectible aux forces policières, particulièrement en temps de crise.

François Legault, gêné par le décès d’un sans-abri autochtone dans une toilette chimique à Montréal, a réitéré son idéologie que les policiers méritent toujours notre confiance.

Sur fond de fléaux

Il faut se rappeler qu’au Québec, nos corps policiers sont rongés de scandales et cafouillages qui entachent leur crédibilité et sèment le cynisme.

L’Unité permanente anti-corruption, la Sûreté du Québec et le Bureau d’enquêtes indépendantes, ont fait capoter le procès de Nathalie Normandeau et ses co-accusés. Ils étaient incapables de terminer leurs enquêtes dans un délai raisonnable et sans fuites médiatiques.

Dans nos villes, le profilage social fait en sorte que les personnes marginalisées sont plus souvent interpellées pour flânage et autres petits délits que la population en général.

Combien de personnes en crise de santé mentale doivent-elles être blessées ou tuées avant qu’on ne se pose la question : pourquoi ?

Il n’y a jamais eu, dans toute l’histoire du Service de Police de la Ville de Québec, un seul policier de race noire. Comment ?

À cela s’ajoute la malhonnêteté. Il arrive trop souvent qu’un policier fausse un rapport ou un témoignage afin de se protéger lui-même ou ses collègues.

Un cocktail toxique

Un virus est arrivé, assez redoutable merci, qui chamboule la vie de tout et un chacun. Malheureusement, comme un réflexe quasiment incontournable, le gouvernement nous sert la vieille rengaine. On peut faire confiance au bon jugement des policiers. Ils font un excellent travail. On peut leur donner plus de pouvoirs.

Sur quelle planète vivez-vous, M. Legault ? Comment osez-vous envoyer la police auprès de nos concitoyens les plus démunis ? Les sans-abris ont peur de la police. Ça ne sert à rien qu’un policier menace de leur donner des contraventions pour non-respect du couvre-feu.

La présence d’un policier est un risque qui s’ajoute aux nombreux défis déjà difficiles, et encore plus, à cause de la pandémie. Les itinérants et les itinérantes tentent par tous les moyens de survivre. C’est certain que le policier n’est pas là pour les aider.

Ressources communautaires, svp

M. Legault, pour une fois, de grâce, laissez de côté votre mauvais réflexe. La police n’est pas la solution à tous les problèmes sur la Terre.

Dans une crise de santé publique, le soi-disant « bon jugement » des policiers n’existe pas. Ils sont eux-mêmes frappés par le virus. Ils sont eux-mêmes bousculés dans leur organisation et leurs façons de travailler. Comme tout le monde, ils ne savent pas trop quoi faire.

Il y aura toujours un certain niveau de corruption et de policiers malveillants. Mais même si l’on faisait abstraction de tous les scandales et bavures, il reste qu’un policier, même un policier tout à fait honnête et honorable, n’est pas un préposé aux bénéficiaires.

Svp, M. Legault, écartez la police. Donnez aux travailleurs sociaux et groupes communautaires la responsabilité de s’occuper des besoins des personnes défavorisées. Les ressources communautaires connaissent mieux la réalité sur le terrain. Nos policiers ont prouvé, à maintes reprises, que leur présence ne fait qu’empirer les choses.

 

 

 

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