Il y a quelques années, j’ai entendu une conférence du docteur Gosselin de l’Institut national de santé publique. Monsieur Gosselin y avait insisté sur les avantages d’avoir des arbres en ville.
C’est donc dire que là où il y a des arbres, il y a moins d’allergènes, que les arbres captent beaucoup de polluants et de poussière, qu’ils séquestrent des métaux lourds – le cadmium par exemple. De plus, les arbres offrent un écran pour les rayons ultra-violets, donc diminuent les risques de cancer. Enfin, ils peuvent favoriser une certaine fraîcheur alors que des milieux urbanisés peuvent, au contraire, être considérés comme des îlots de chaleur; les risques de décès associés au fait de vivre dans un de ces quartiers peuvent être accrus de 20% à 30%, semble-t-il.
Pour toutes ces raisons, on ne peut que se demander pourquoi au juste le projet de réseau structurant de transport en commun suppose qu’un très grand nombre d’arbres imposants seront coupés sur le boulevard René-Lévesque, soit environ 600. La Ville indique que ces arbres seront remplacés par d’autres, vraisemblablement plus petits et pas nécessairement à proximité immédiate de René-Lévesque. Ça ne semble donc pas pour rien que bien des résidents de cette artère importante ont manifesté une opposition claire à cet aspect du projet de réseau structurant. Une pétition a même été signée par plus de 10 000 personnes. Certains spécialistes parlent de la contribution financière des arbres. À titre d’indication, tiré du Journal Métro, l’équipe de chercheurs pilotée par le biologiste Jérôme Dupras a pu calculer que les arbres de Montréal effectuent chaque année pour 3,5M$ d’amélioration de la qualité de l’air, 290 935$ en stockage de carbone et 141 123$ en services de captation des eaux de ruissellement.
On peut penser que de tels impacts positifs des arbres pourraient être calculés pour la Ville de Québec et, plus particulièrement pour le boulevard René-Lévesque. Il est précisé un peu plus loin, dans le même article, que « les villes participant à l’Initiative des biens naturels municipaux (MNAI) qui ont calculé la valeur de leurs milieux naturels réalisent alors que ces derniers rapportent beaucoup plus que s’ils étaient par exemple convertis en centre d’achat ». La question est : a-t-on calculé de tels coûts pour le réseau structurant de transport en commun? Je n’en ai pas entendu parler.
Retirer un si grand nombre d’arbres du boulevard René-Lévesque représente vraisemblablement un risque de faire de cette artère un îlot de chaleur. Si ça arrivait, quels en seraient les impacts pour les résidents du boulevard, mais aussi pour ceux des quartiers environnants? La qualité de vie de ces quartiers, si appréciée présentement, serait-elle aussi grande? Ainsi, marcher sur cette artère est un plaisir qui risque de ne pas durer sans les arbres et les oiseaux et autres animaux (écureuils, etc.) qui y trouvent un abri. Les citoyens semblent appréhender ce changement si on se fie au nombre de personnes ayant signé la pétition. La Ville ou les responsables du projet peuvent-ils répondre en toute transparence? Ce serait important.