S’il y a un sujet incontournable pour les électeurs de Maizerets-Lairet dans la campagne électorale municipale actuelle, c’est bien la ZILE. À première vue, ce projet peut sembler bénéfique pour le quartier : création d’emplois bien rémunérés, dynamisation de l’économie locale, et même plus largement de celle de la région de Québec. « Le projet peut séduire les gens avec son nom de Zone d’innovation Littoral-Est, mais en réalité, si on leur dit que c’est un parc industriel qu’on vient construire à côté de chez eux, ils seront probablement moins emballés », dit Hamed Adam, candidat de Transition Québec dans Maizerets-Lairet.
Pour lui, le gros problème de ce projet, c’est l’absence de consultation citoyenne, alors qu’une large proportion des terrains sur lesquels on prévoit construire sont publics. « Comment expliquer qu’on veuille accueillir autant d’entreprises privées sur des terrains publics sans que la population n’ait son mot à dire sur la façon de le réaliser? » Si les emplois promis par la ZILE peuvent faire croire que de l’argent sera réinvesti dans le quartier, il faut comprendre que ces emplois ne seront pas comblés par des gens qui y habitent, et que l’effet produit sera plutôt un embourgeoisement du secteur, avec la création de commerces et de restaurants qui ne bénéficieront pas à la majorité des résidents de Maizerets. Certes, le développement économique est important, mais il ne doit pas se faire au détriment de la population.
Pour Hamed Adam, « la création de logements sociaux, plus d’espaces verts, un meilleur accès au fleuve et des commerces abordables qui permettent d’accroître la qualité de vie des résidents » doivent être considérés dans le projet. Il est impensable d’utiliser des terrains publics sans que le projet ait aussi une vocation publique. En ce sens, il croit que la Ville de Québec, pour la réalisation de son projet de garage au coin Henri-Bourassa et de la Canardière, devrait s’inspirer du Bâtiment 7 à Montréal, un espace où l’implication citoyenne fait partie intégrante du développement de l’économie locale.
Impossible d’éviter la question du troisième lien, au cœur des débats des campagnes tant municipale que fédérale. Le projet divise. Pourquoi une grande agglomération comme Québec ne devrait-elle pas avoir plus de liens entre les rives sud et nord, des liens plus fluides, plus accessibles et plus efficaces? « L’un des problèmes du troisième lien, c’est d’abord son coût : on parle de 10 G$, ce qui représente un abonnement au transport en commun pour tous les résidents de Québec pendant 150 ans.
En Colombie-Britannique, un tunnel de 700 m dont la construction prochaine est prévue coûtera entre 4 G$ et 5 G$, ce qui laisse croire que le projet de troisième lien coûterait beaucoup plus cher que ce qui est prévu en ce moment. » Pour le candidat, il faudrait investir cet argent autrement, notamment en augmentant l’accessibilité au transport en commun, qui coûte déjà cher. Rendre le transport en commun plus abordable, voire gratuit, aurait plusieurs bénéfices : ce serait à la fois un gain environnemental, mais aussi un progrès social, qui permettrait en outre de rendre encore plus attractive la ville de Québec.
Le désintérêt d’une partie de la population pour la politique n’est pas nécessairement une désaffection du politique. « Les gens ont souvent une image de la politique : ils pensent aux visages des politiciens qu’on voit dans les médias et se disent qu’ils ne sont pas politisés. Mais s’ils disent que les voitures circulent trop vite dans leur secteur, c’est politique! ». Pour Hamed Adam, ceux qui font de la politique doivent s’adapter aux personnes à qui ils s’adressent pour les informer et les intéresser, parler autrement.
« On ne peut pas parler de la même façon à tout le monde ». Au municipal, on peut faire beaucoup de choses, il faut simplement prendre le temps d’expliquer aux citoyens comment ils peuvent faire une différence dans leur environnement immédiat et valoriser davantage leur implication. Les élections municipales passent malheureusement un peu sous le radar en comparaison des élections provinciales et fédérales, mais la politique municipale est pourtant essentielle : à la fois très concrète, connectée aux milieux de vie des citoyens, elle devrait être une occasion pour les gens de comprendre qu’en réalité, on fait de la politique tous les jours.