La Ville de Québec compte décontaminer et vendre à des entreprises privées plusieurs terrains publics situés dans le quartier Maizerets, comme Régis Labeaume l’annonçait officiellement lors d’une conférence de presse à la fin d’août dernier.
Ce sont l’équivalent de quinze terrains de football qui pourraient tomber entre les mains d’entreprises technologiques si les gouvernements municipaux et provinciaux vont de l’avant avec cet ambitieux projet. La ZILE, c’est parc techno-industriel de 8,4 km² visant à accueillir plus de 360 entreprises privées et 12,5 milliards d’investissement d’ici 2035 tel qu’on peut le lire sur le site de la Ville de Québec.
Cet important développement s’élabore sans aucune consultation citoyenne. L’Université Laval et la Ville de Québec travaillent à son élaboration. Ils veulent en faire une Silicon Valley du Nord. Malgré l’information qui circule au compte-goutte, les citoyens s’organisent face à ce type de développement qui fait passer le profit des entreprises avant la qualité de vie des résidents des quartiers.
C’est une privatisation de terrains publics que dénoncent les citoyens. Ces terrains décontaminés à grands frais avec les derniers publics, n’est-ce pas, un beau cadeau à l’entreprise privée?
Depuis 2019, le Conseil de quartier de Maizerets et la Table citoyenne Littoral Est dénoncent le projet et proposent des alternatives. Plus récemment, L’asile contre la ZILE a joint leurs voix pour revendiquer un usage respectueux de l’environnement et y développer l’accès au fleuve.
Ce parc techno-industriel s’inscrit dans une vision plus globale de développement, dans le projet Avantage Saint-Laurent de la CAQ et du gouvernement du Québec qui veut faire du Saint-Laurent, « une autoroute pour bateau » en dépit de la nature et des habitants, pourrait-on ajouter pour paraphraser Simon Parent, militant de la première heure à la Table citoyenne. C’est la même philosophie qui était derrière le projet Laurentia du port de Québec qui a heureusement échoué face aux exigences environnementales du gouvernement fédéral.
Un des éléments les plus troublants de ce parc technologique est sans doute le projet d’en faire une zone de surveillance continue. C’est ce que les militants de L’asile contre la ZILE appelle le « capitalisme de surveillance ». Ils dénoncent aussi les effets de gentrification que le projet aura sur la population du quartier… À l’instar de Marie-Hélène Deshaies, du Conseil de quartier : « Maizerets est un quartier pauvre. Ce qu’il faut, c’est améliorer la santé de la population. Il faudrait surtout une augmentation de la canopée de 90%. Il faut surtout verdir la zone. On a 8% de la population de Québec, mais on absorbe 100% des effets de l’incinérateur, du bruit, de l’odeur. Ils veulent faire un espace d’expérimentation de nouvelles technologies auxquelles personne n’a donné son accord. »
Maizerets a déjà une usine de papier et l’incinérateur de Québec dans son paysage. Pour les politiciens et les promoteurs de toutes sortes, poursuivre ce type de développement semble être la seule perspective. Mais les citoyens, les citoyennes, pensent tout autrement. Marie-Hélène Deshaies rappelle que c’est déjà, une zone industrielle. « On a la conviction que le quartier doit se développer pour les gens qui y vivent. » souligne-t-elle.
Comment connaître les lieux, sinon en y marchant, en les visitant. C’est ce qu’a mis en action le Conseil de quartier de Maizerets au début septembre en invitation des candidats et les candidates aux élections fédérales et aux élections municipales à visiter les lieux. La population est aussi invitée à participer aux marches de Jane les samedis à 15h (voir sur le site du conseil de quartier). Les militants et les militantes invitent les citoyens et les citoyennes à y faire des activités quotidiennes, à y promener leur chien. Pourquoi pas à faire des randonnées à bicyclettes sur cette zone qui est encore, jusqu’à nouvel ordre, une propriété collective.
Faire les Marches de Jane du conseil de quartier Maizerets.
Visionner ce court film de L’asile contre la ZILE signé David Sanchez
Participer à la «consultation» en ligne de la Ville de Québec sur la ZILE jusqu’au 27 septembre.
Écouter l’émission À nous la terre sur CKIA-FM, 88,3 FM.
Se solidariser avec le groupe Le terrain vague n’est à personne.