Bus: gratuité ou tarification sociale?

Publié le 14 décembre 2021
En 2014, le collectif Subversité faisait une campagne pour la gratuité du transport en commun à Québec. Photo: DDP

L’arrivée de Bruno Marchand à la mairie de Québec amène un nouveau souffle. Cette arrivée, c’est aussi celle de la tarification sociale pour le transport en commun, un engagement pris par le parti pendant la campagne.

Le collectif pour un transport en commun abordable accessible à Québec (TRAAQ) se réjouit de cet engagement : « Québec forte et fière s’est engagée à implanter, dès l’an deux de son premier mandat, une tarification sociale basée sur le revenu offrant une réduction de 25% sur les tarifs du transport en commun aux personnes moins nanties. Québec forte et fière a également spécifié que cette réduction atteindrait 50% au terme de son premier mandat. »

La tarification sociale du transport en commun n’est pas la distribution de passages gratuits dans certains organismes, mais une diminution des tarifs en fonction des revenus des ménages, avec rapport d’impôt à l’appui selon les formes. Cela peut être complexe à appliquer.

Quand sera-t-elle mise en œuvre?

« Il faut que ça avance dans l’immédiat », affirme Catherine Drainville de la TRAAQ, rappelant aussi « qu’il faut travailler sur le processus de l’admissibilité pour qu’il soit efficace, ni trop lourd pour les individus et pour l’administration. » Elle souligne que des villes canadiennes comparables à Québec, telle Calgary, ont mis en œuvre la tarification sociale.

Le collectif TRAAQ travaille depuis 2016 sur l’accès au transport en commun en concertation avec une douzaine de groupes membres, dont des organismes représentants des personnes vivant avec des situations de handicap, tel le CAPVISH, mais aussi des groupes comme Ruche Vanier et le Centre Jacques-Cartier.

Pour assurer que le futur programme de tarification sociale corresponde aux besoins et aux réalités des différentes personnes en situation de précarité, le collectif tend la main à la nouvelle administration. Catherine Rainville : « Nous offrons à l’administration Marchand notre entière collaboration dans les différentes étapes de conception et de mise sur pied de cette tarification sociale. Tous les efforts doivent maintenant converger pour que la mobilité puisse devenir plus accessible pour tous et toutes ».

Tarification sociale ou gratuité? Le point de vue de Jackie Smith

Pour Jackie Smith, envisager une diminution des tarifs du transport en commun dès 2022 est tout à fait possible. « C’est une question de volonté politique. », affirme celle qui a défendu la gratuité pendant sa campagne et qui continuera de le faire à l’hôtel de ville.

Même si la gratuité demeure un idéal, une diminution de 25%, voire de 50% des tarifs serait certainement appréciée de la population. Jackie Smith de Transition Québec a demandé au maire de Québec que le financement de la tarification sociale soit inclus dans son premier budget : « On souhaite qu’il y ait dans le budget, au moins, une étude pour la tarification sociale. Il faut des chiffres. Si la gratuité est plus simple que la tarification sociale, on pourrait décider de faire des choix,» soutient-elle.

Même si la tarification sociale n’a finalement pas été inclue dans le budget déposé par le maire Bruno Marchand le 7 décembre, la conseillère de la Cité-Limoilou pourra participer à faire avancer le dossier dans son implication au conseil d’administration du RTC. D’autant plus que les partis élus à l’hôtel de ville de Québec sont favorables à une tarification sociale du transport en commun.

Les arguments pour la gratuité

Jackie Smith rappelle qu’il y a « 126 villes dans le monde qui ont opté pour la gratuité du transport en commun. Elles ont vu l’achalandage augmenter le 10% la première année et plusieurs ménages vendent leur auto. »

Pendant la campagne électorale, Jackie Smith a constaté que la gratuité du transport en commun est un élément les plus rassembleur. Selon elle, « la gratuité permet la liberté de déplacement, cela encourage à prendre le bus, les montées et les descentes sont plus fluides. »

Comment financer cette gratuité? Elle précise que la contribution financière actuelle des usagers correspond à un tiers du budget du RTC. La gratuité pourrait s’autofinancer par l’écofiscalité et par une diminution des frais administratifs et la gestion des paiements des usagers.

Jackie Smith rappelle qu’il y 23 000 ménages qui gagnent moins de 20 000$ par année à Québec. Pour elle, il faut tout faire pour faciliter l’accès au transport en commun.

Quand on pense que même le parti libéral du Québec, suite à son dernier congrès, envisage d’inclure dans son programme des projets pilotes pour la gratuité du transport en commun dans quelques villes du Québec, l’envisager ici, relève de moins en moins de l’utopie…

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