En novembre 2020, le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA) et la Table nationale des Corporations de développement communautaire, lançaient L’Observatoire de l’ACA. Un projet de recherche-action dont l’objectif était de mesurer les impacts de la crise de la COVID-19 sur les organismes communautaires autonomes du Québec, et sur la population.
La recherche a relevé trois principaux enjeux : l’augmentation de l’isolement et de la détresse ; la perte d’accès aux informations et aux ressources, et l’aggravation de la précarité économique.
L’étude s’est penché sur les réalités vécues par les aîné.e.s, les femmes, les personnes en situation de handicap, proches aidant.e.s, jeunes, personnes racisées, personnes sans domicile, etc. « La population n’a pas seulement été confrontée à un risque de contamination par la COVID-19 ; les mesures mises en place durant la crise ont également eu des impacts négatifs sur la santé physique et mentale de nombreuses personnes. Certains groupes à l’intersection de plusieurs formes d’oppression et déjà marginalisés ont vu les obstacles se multiplier, la crise accentuant les inégalités existantes. La fracture sociale au sein de la société québécoise et l’importance de choix politiques visant la justice sociale, ont ainsi été mis en évidence par la crise. »
La recherche permet de constater qu’il y a eu une perte d’accès aux informations et ressources. On pense par exemple aux services gouvernementaux et institutions devenus encore moins accessibles: « En limitant les options pour un soutien en personne (en présence ou par téléphone), la crise a accéléré le processus de dématérialisation des services publics, déjà en cours. »
Le Regroupement des groupes en alphabétisation du Québec (RGPAQ) connaît bien les impacts de cette fracture numérique dans la vie des personnes à faible niveau de littératie ou peu alphabétisées ainsi que les souffrances et privations que cette fracture génère. De plus, la fermeture des commerces et de beaucoup de lieux publics a complètement changé le quotidien des personnes dont les conditions de vie étaient déjà très précaires. Réseau Solidarité Itinérance du Québec (RSIQ) rappelait que : « Un restaurant, un café, le hall d’un centre d’achat, un vestiaire de gymnase ou une bibliothèque sont des lieux de répits, de chaleur, d’accès à la nourriture, à des toilettes, une possibilité d’entretenir une hygiène corporelle ou de dormir en sécurité. »
Depuis le début de la pandémie, on constate une aggravation de la précarité économique. En effet, plusieurs personnes ont vu leur situation économique se détériorer, dont les personnes à l’aide sociale. Du point de vue des groupes communautaires, le gouvernement n’a pas tenu compte des coûts associés à la pandémie pour les personnes qui n’étaient pas admissibles à l’aide financière en lien avec la COVID-19. Bref, les multiples stratégies de ces personnes pour améliorer leurs maigres revenus (récupération de bouteilles et contenants consignés par exemple) étaient devenus inapplicables.
En somme, la pandémie a mis en lumière la violence des inégalités sociales déjà existantes et aggravées par la crise de la COVID-19 : pertes de revenus; inexistence d’un revenu décent pour tous et toutes; mesures de soutien gouvernemental trop limitées; difficultés d’accès à des services essentiels (santé, alimentation, etc.); exacerbations de la crise du logement : « Quand tu es en maison de chambre, s’il y a un cas de COVID-19, c’est difficile parce que tu partages la toilette, la cuisine…».
Plus que jamais, il nous faut réfléchir à des alternatives au système économique et au fonctionnement de la vie politique afin que la démocratie et la justice sociale, environnementale, et fiscale, soient plus que des mots mais que nos réflexions continuent d’être des espaces de ralliement et de luttes collectives.