La pandémie de COVID-19 a ressuscité un monstre : l’inflation, contre lequel s’acharnent les gouvernements depuis le début de l’année. Et ça commence à faire mal. Il y a cinquante ans, un choc pétrolier provoquait une flambée mondiale des prix. Au Canada, le gouvernement d’alors, dirigé par Pierre Elliott Trudeau, imposait en 1975 un contrôle des prix et des salaires dont on ne verrait les fruits qu’en 1983.
Cette époque d’inflation galopante, pas si lointaine, n’a pas laissé de bons souvenirs, même si la vie chère profite toujours à quelqu’un. Et la pandémie de COVID-19 est à peine jugulée que l’hydre montre de nouveau ses têtes. Certes après des mois d’inactivité économique et de confinement, on s’attendait à une augmentation généralisée des prix, prix qui ont par ailleurs été dopés par une frénésie de consommation. Mais la rapidité à laquelle les taux d’inflation se sont emballés semble avoir surpris tout le monde, à commencer par les experts. Conséquemment, les interventions des banques centrales ont d’emblée été plus musclées que prévu.
À l’été, le taux d’inflation tournait dans les 8 % au Canada avant de commencer à baisser un tantinet. Dans un pays comme le Royaume-Uni, en revanche, c’est la débandade, ce qui est peut-être de mauvais augure pour le reste de la planète.
Maîtriser l’inflation n’est pas chose simple. Il s’agit de serrer le garrot (de la consommation) sans étrangler le consommateur. On peut le faire suffoquer jusqu’à un certain point, par contre. L’arme, c’est les taux d’intérêt. L’arme classique, faudrait-il préciser. Mais la situation actuelle est plutôt inédite. La sortie de la crise sanitaire s’est accompagnée de catastrophes naturelles et climatiques, telles des sécheresses, qui ont été suivies de la guerre en Ukraine. Or l’Ukraine et la Russie sont deux grands pays exportateurs (de céréales, de métaux « sensibles »…).
Bref dans un tel contexte, l’arme classique, qui a toujours, est-elle vraiment efficace? Gérard Bérubé, journaliste économique au quotidien Le Devoir, ne prétend pas détenir la réponse. Son premier souci est de permettre au lecteur de comprendre les notions, véhiculées quasi quotidiennement, d’inflation, de déflation, de stagflation, de taux directeur et le reste. Ces notions sont mises en perspective au moyen d’un rappel des principaux mécanismes utilisés depuis le début du siècle dernier pour contrer l’inflation.
La seconde partie, qui constitue d’ailleurs l’essentiel de ce bref ouvrage, est composée d’une série d’articles à saveur économique publiés dans Le Devoir. Ils viennent d’auteurs aux idéologies variées et il revient au lecteur de se faire une tête. Les articles des années 2020 et 2021 sont proportionnellement les plus nombreux et leur lecture prend un peu l’allure d’un suspense dont le thème est l’évolution du taux d’inflation.
L’ouvrage se termine un peu abruptement. On aurait par exemple aimé que Gérard Bérubé propose une conclusion de son cru. Mais le sujet touche tout le monde et L’inflation permet d’y voir plus clair. De quoi prendre son mal en patience? On peut approfondir ses réflexions personnelles grâce à une bibliographie exhaustive.